Portraits de la médiation numérique

Angelo Murer, Mode 83 (Draguignan, 83)

Le mouton à cinq pattes

« Le CDN a besoin d’une double compétence technique et d’analyse/prospective. Il doit sentir quels seront les usages de demain »

Quand Angelo a pris des responsabilités au sein de Mode 83, il s’appuyait sur une expérience solide au sein de services sociaux et de missions locales. Ce qui a fait le lien, c’est l’habitude du travail avec des publics en difficulté, allocataires du RSA, illettrés, handicapés... C’est ainsi qu’il a rejoint une équipe disposant de fortes compétences multimédia et qui souhaitait mobiliser de nouvelles connaissances pour assurer la prise en charge d’un public si particulier. Car développer à l’aide des outils TIC des actions d’insertion auprès de publics éloignés de l’emploi ou en précarité, n’est pas chose aisée. Il faut tout à la fois des personnes compétentes dans les contenus et la transmission des contenus et ayant des connaissances sur les publics et les difficultés de ces publics.

Trouver un mouton à cinq pattes ressemble à une gageure. D’autant plus, que quand Angelo est arrivé, le numérique n’était pas son point fort. C’est au contact des équipes de MODE 83 qu’il a pu acquérir les savoir-faire complémentaires indispensables et développer des compétences reconnues. Pour lui, les TIC peuvent désormais répondre à des enjeux sociaux multiples, pour peu que l’on prenne le temps de comprendre ces enjeux et de réfléchir aux solutions possibles.
Mais Angelo considère de toute façon qu’en tant que CDN, il doit faire preuve d’« ouverture d’esprit ». Il ne doit pas avoir peur de sortir de son champ de compétences. Pour lui réussir des projets, dans des champs différents, nécessite de se confronter à des compétences, des connaissances ou des personnes nouvelles. Sa recette pour travailler dans des domaines en perpétuelle évolution est de se former : c’est ainsi qu’Angelo revendique une stratégie pour faire coïncider ses besoins personnels de développement de carrière avec ceux qui permettent de répondre aux besoins de sa structure.

Ainsi, pour lui, « rien n’est vraiment tabou en terme d’innovation ». Aucun domaine n’est réservé et la transversalité propre aux TIC est salvatrice dans son travail. Bien utilisées, ces dernières possèdent en effet une certaine plasticité qui permet de les inclure dans des projets de natures très différentes. Cela lui permet de toucher à tout, de ne pas se mettre lui-même de barrière et de ne pas accepter de se laisser enfermer dans un champ ou dans un autre et empêcher d’aller vers des expériences qu’il juge intéressantes.

Toutefois, une condition sine qua non à l’aboutissement de toute réalisation, c’est la construction d’un réseau de partenaires solide. Seul, la tâche est trop rude, voire impossible à mener à son terme. « C’est difficile d’être coordinateur et développeur de projet. J’essaie de mener les deux de front, c’est difficile. Dans certaines structures, les développeurs de projets ne font que ça ». Le projet e-santé, celui de lutte contre l’illettrisme, ou contre l’exclusion du 4ème âge… Tous ces projets ne peuvent aboutir s’ils sont gérés de façon isolée.
Pour l’aider dans sa tâche, il travaille donc avec de nombreux interlocuteurs, du Département aux municipalités environnantes, de l’AGEFIPH au Centre Ressources Illettrisme de Paca, en passant par d’autres ERIC de la région. « C’est là que l’humain reprend ses droits sur les TIC ». En effet, sans ces hommes et ces femmes de bonne volonté, les projets développés ne pourraient voir le jour et aboutir.


Le profil d’Angelo

Portrait réalisé dans le cadre l’Observatoire des TIC en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (OBTIC) et du programme Espace Régional Internet Citoyen en partenariat avec l’association ARSENIC, le Laboratoire de Sciences Sociales Appliquées (LaSSA) et ITEMS International (AMO OBTIC).

En savoir plus sur la démarche

Posté le 2 juillet 2012 par Natacha Crimier

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