Dans l’enquête "individus" réalisée en mars 2012 par l’observatoire de M@rsouin, nous avons fait le choix d’interroger les Bretons sur leurs pratiques de travail à domicile, sans nous restreindre à la définition stricte du télétravail.
Après un état des lieux du travail à domicile sur la région Bretagne, nous abordons les perceptions des salariés sur les freins et les motivations au travail à domicile. Puis nous exposons la relation complexe entre le travail à domicile et la mobilité.
"Le télétravail en France : de la « perception » aux « faits ». Depuis bientôt 20 ans, les acteurs politiques vantent les mérites du télétravail. En 1994, Thierry Breton écrivait, dans un rapport ministériel : « A la différence du monde industriel des XIXème et XXème siècles, l’économie post-industrielle dans laquelle nous entrons de plein pied tend à mettre au premier plan la créativité, la souplesse, la rapidité d’adaptation, l’innovation et l’initiative individuelle, le savoir. Plus décentralisée, elle fait de l’exploitation optimale des ressources et des compétences humaines l’un de ses enjeux essentiels. Fatalement, tous les outils qui se mettront au service de cette logique seront promis à un bel avenir. Parmi eux, le télétravail ». Aujourd’hui, le télétravail provoque toujours le même engouement dans la sphère politique. En 2011, dans un rapport de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Paris, Dominique Denis écrit : « Il est consensuellement admis que le télétravail recèle un important potentiel de croissance économique, socialement et écologiquement responsable. Non seulement les postes éligibles au télétravail sont nombreux mais, de surcroît, le télétravail est plébiscité tant par les salariés que par les employeurs. » De plus, selon certains travaux, le contexte actuel, et en particulier la généralisation des Technologies de l’Information et de la Communication au sein des entreprises et dans les ménages, serait propice au développement du télétravail, et en particulier du télétravail (partiel ou complet) à domicile.
En parallèle, force est de constater que le télétravail se développe peu en France. Un rapport du centre d’analyse stratégique, réalisé en novembre 2009 fait état du retard de la France en ce qui concerne le développement du télétravail. « Depuis au moins dix ans, la France est en retard sur les principaux pays de l’OCDE en matière de développement du télétravail, quelles que soient les sources ou les approches statistiques. Dans les pays scandinaves et anglo-saxons notamment, il concerne deux à trois fois plus de salariés. »
Il existe peu de sources fiables et récentes pour mesurer le télétravail au niveau national. Parmi les derniers chiffres fiables avancés pour la France, ceux de l’étude DARES réalisée en 2004 font état de 2,2% de la population active française pratiquant le télétravail à domicile (7,7% si l’on y ajoute le télétravail mobile ou nomade) contre 7% en moyenne de la population européenne (13% en y incluant le télétravail nomade). Ces chiffres recouvrent cependant des temps de travail différents : d’un travail complet à domicile jusqu’au télétravail pendulaire sur une seule journée à domicile. Plus récemment, l’INSEE publiait un document de synthèse dans lequel est fait état d’une forte progression du télétravail : « Le télétravail se développe rapidement : 22 % des entreprises disposant d’un ordinateur y ont recours en janvier 2008, contre 16 % un an avant ». Dans ce document, le télétravail est défini de la manière suivante : « une entreprise pratique le télétravail si elle a des personnes qui travaillent au moins une demi-journée par semaine en dehors de ses locaux, en ayant accès au système informatique de l’entreprise par des réseaux électroniques », ce qui élargit le champ du télétravail à des salariés travaillant moins d’une journée en dehors des locaux. Plusieurs formes de télétravail sont considérées. Outre le télétravail à domicile et le travail nomade (mesurés dans la cadre de l’étude de la DARES), le rapport réalisé en 2008 par Pierre Morel A Lhuissier , député de la Lozère, à la demande du ministre de l’emploi et du ministre de l’économie, recense deux autres formes de télétravail : le travail dans un télécentre et le travail en réseau . Cependant, dans l’accord national interprofessionnel (ANI) signé le 19 juillet 2005, le télétravail est défini comme suit : « Le télétravail est une forme d’organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail et dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière. » Le télétravail se limite donc à des formes d’organisations du travail prévues dans le cadre du contrat de travail."
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