Ces deux temps d’échanges avaient pour objectif d’ouvrir une discussion sur l’apport des pratiques collaboratives issues du numérique et du logiciel libre dans le développement des innovations sociales sur les territoires. Si le fait d’expliciter, de partager et de croiser nos compétences ne sont pas forcément dans nos habitudes, ces manières de faire ont déjà fait la preuve de leur efficience (Wikipedia) et s’élargissent aujourd’hui dans toutes les domaines, interrogeant nos façons de vivre sur les territoires.
Croiser nos savoirs pour innover socialement
Le premier atelier a réuni une vingtaine de participants autour de la question du croisement des savoirs entre acteurs de l’innovation sociale. Après un tour de table où chacun a pu exprimer ses attentes, une présentation de cette « posture collaborative » par Michel Briand nous a permis de situer collectivement le changement de paradigme sous-jacent :
« Pour la première fois de son histoire, notre société est confrontée à la gestion de l’abondance. La création, la contribution, l’expression de millions de personnes est "maintenant sous la main" (M. Serres). Pour bénéficier de cette abondance rendue possible par le numérique, il nous faut apprendre non plus à cacher notre copie, mais à réutiliser, partager, enrichir, et échanger en réseau.
Petit à petit les principes de fonctionnement distribués où chacun-e peut contribuer diffusent dans la société au fur et à mesure de l’élargissement du champ des outils numériques :
Les développeurs du logiciel libre nous ont montré l’efficience de la co-production qui choisit de partager et de mettre en biens communs les outils logiciels dont nous avons besoin pour agir dans le monde du numérique.
Wikipedia nous a montré l’efficience de la collaboration à une large échelle où la contribution est d’abord reconnue par les pairs et non par les diplômes ou positions institutionnelles.
Openstreetmap a gagné le pari de cartes participatives reprises aujourd’hui par nombre de collectivités et font s’ouvrir les tiroirs jusqu’à peu fermés à clé de l’IGN dans un mouvement des données ouvertes qui s’est élargit depuis deux ans aux acteurs publics.
Les licences "Creative Commons" facilitent le partage des contenus dans un monde où prévalent les "interdits de réutilisation" si souvent présents sur les sites des services publics, des collectivités locales, universités et des, associations.
Les cours massivement ouverts (MOOC) posent la question à tous les enseignants auteurs de contenus pédagogiques de l’ouverture de leurs productions et de nouvelles formes pédagogiques à un moment où tant de savoirs sont "maintenant sous la main".
Les fablabs, tiers lieux, l’économie collaborative ouvrent à leur tour de nouveaux espaces dans le domaine de l’économie et de la consommation. Comme pour la musique, les vidéos de nouvelles pratiques sociales basées sur l’usage diffusent dans la société.
Tout autour de nous mais nous ne le voyons pas encore vraiment l’innovation sociale est abondante et d’autres transformations sociales que celles portées d’en haut par les décideurs publics sont en gestation pour répondre aux multiples crises écologiques, sociale et économique que nous traversons.
Toute cette évolution rendue possible par les outils collaboratifs souvent en logiciel libre ne peut se développer que si nous comprenons ce mouvement autour de la coopération et du partage qui nous concerne tous.
Qu’il s’agisse de la vie associative ou culturelle, des services publics, du lien social, des innovations sociales, de l’action politique nous pouvons aujourd’hui ouvrir de nouveaux espaces de possibles.
En donnant à voir, en reliant, en étant en attention, en partageant nous faisons vivre des relations sociales basées sur la coopération et la mutualisation qui démultiplie les capacités d’agir et créent de nouvelles opportunités.
Ainsi que l’explique Michel Serres, les ordinateurs et les réseaux formidables outils pour émettre, recevoir, traiter et stocker de l’information sont après l’écriture et l’imprimerie une troisième révolution qui entraîne une transformation profonde de nos sociétés.
Mais comme nous avons appris à l’école à cacher notre copie, que nombre de structures publiques, associatives, ou d’entreprises ne fonctionnent encore que dans un modèle hiérarchique et cloisonné, le chemin de cet apprentissage des pratiques collaboratives est long. »
Cette présentation a permis de nourrir les échanges autour de ce changement de posture individuelle et collective, à travers plusieurs témoignages. Nous avons alors identifié collectivement 5 enjeux :
- L’identité / Se connaître et se rencontrer,
- Le temps / Gérer les différentes temporalités - individuelles et collective,
- L’abondance / Gérer l’information : un apprentissage individuel et collectif nécessaire,
- L’animateur / Développer une posture de facilitateur,
- Les peurs / Lever les freins culturels – au niveau individuel et collectif
Retrouvez l’ensemble des échanges sur le pad de la rencontre [1].
Soutenir l’innovation sociale pour développer nos territoires
Le deuxième atelier a réuni une trentaine de participants autour de la question de la mise en réseau territoriale des acteurs de l’innovation sociale.
A travers la réalisation d’un tour de table, nous avons commencé l’atelier par une
collecte d’innovation sociale.
Nous avons ainsi constaté toute la richesse et toute la diversité des initiatives que nous sommes en capacité de donner à voir collectivement en quelques minutes.
Nous avons ensuite échangé autour de la question de la définition de l’innovation sociale. Par un exercice de tour de table, nous avons de nouveau collecté les regards de l’ensemble des participants. Nous avons rapidement constaté que l’intérêt de l’exercice ne résidait pas dans le travail de définition mais plutôt dans le donner-à-voir de ce qui nous réuni : un ensemble de valeurs et d’aspiration au développement durable et solidaire de nos territoires.
De plus en plus de territoires souhaitent développer un « écosystème » d’innovation sociale, « augmenter les synergies et les coopérations entre les acteurs de l’innovation sociale », « rendre visible et soutenir les dynamiques d’innovation sociales », bref faciliter la mise en réseau des acteurs ! Mais quelle gouvernance mettre en œuvre ? Comment passer d’une approche participative à une démarche contributive ? Comment animer une telle démarche ? Est-ce aux collectivités, aux élus ou aux citoyens de le faire ?
Au fil des échanges, notre discussion s’est déplacée de la question du pilotage d’une telle démarche vers celle du leadership et de l’appropriation nécessaire.
Retrouvez l’ensemble des échanges sur le pad de la rencontre.
Vers une mise en réseau territoriale des acteurs de l’innovation sociale
A travers Bretagne Creative, nous vous proposons de :
- « Donner à voir » les innovations sociales de nos territoires, en s’appuyant sur les licences libres qui en permettent une large diffusion [2].
- Expliciter les recettes des projets, pour qu’elles puissent être réappropriés et enrichies par d’autres.
- Encourager le croisement des acteurs en organisant des temps d’échanges physiques, qui se poursuivent à distance via des outils numériques (liste de discussion, wiki).
Comment avancer ensemble ?
- En inscrivant les innovations sociales que vous connaissez sur ImaginationForPeople #bretagne.
N’hésitez pas à consulter le tutoriel Comment remplir une fiche
et à visualiser la vidéo Comment contribuer sur ImaginationForPeople !
- En rédigeant la "recette" d’un projet qui vous tient à cœur,
- En organisant un temps de rencontre physique sur votre territoire :
Pour échanger autour de l’innovation sociale ouverte avec les acteurs de votre territoire, pour croiser les réseaux (ESS, numérique, santé, environnement, enseignement etc.), pour faciliter des temps de partage de pratiques et de compétences.
Voici la "recette" des rencontres que nous avons organisées pour l’instant : La Collecte d’innovation sociale, une méthode d’animation participative.
N’hésitez pas à faire appel à quelqu’un de la communauté pour pour vous aider !
- En nous rejoignant sur la liste de discussion Bretagne Créative :
Il suffit d’aller sur la page du groupe Bretagne Créative via la plateforme Imagination For People et de cliquer sur le bouton "rejoindre le groupe et suivre les discussions" sur la gauche. Vous serez automatiquement abonné à la liste de discussion !
Pourquoi nous appuyer sur la plate-forme Imagination For People ?
- Parce que tous les contenus y sont sous licence libre, facilitant par-là même la diffusion et la réappropriation des innovations sociales,
- Parce que les outils qu’elle propose facilitent le développement d’un réseau de collaboration : liste de discussion, wiki, forum de discussion,
- Parce que’ elle facilite le croisement des envies, des pratiques et des compétences au niveau international.