Un article de Patrick Genoud repris de "WE (T)RUST – Global GovJam 2014 Govjam only 48h to rock the o public sector" publié par le Laboratoire d’usages des Administrations à l’ère d’internet" de Genève, un site sous licence CC by nc nd
Au début du mois de juin de cette année, l’Observatoire technologique a participé avec l’Institut de Sciences des Services de l’Université de Genève à un hackathond’une forme un peu particulière et dont le terrain de jeu est le service public. Le Global GovJam 2014 réunissait pour la troisième année consécutive des équipes d’innovateurs motivés par la volonté de démontrer qu’il est possible en moins de 48 heures de proposer une ébauche tangible de projet novateur dans le secteur public.
Les GovJams constituent tout à la fois l’occasion de cultiver des relations hors de son cadre de travail habituel, de tester des outils de créativité et d’échanger des idées nouvelles tout en œuvrant sur un projet concret s’inscrivant dans le thème donné. Ici pas de concours, pas de prix ; seulement la satisfaction d’avoir réalisé ensemble un projet innovant et d’avoir enrichi les réflexions de la communauté des participants.
La centaine d’équipes provenant des cinq continents avait deux jours pleins pour concrétiser un projet en lien avec le sujet proposé cette année : la confiance !
La vidéo de présentation du thème retenu laissait beaucoup de place à l’imagination : comment aller au-delà de la confiance telle qu’actuellement nous la vivons dans la vie courante, à titre professionnel ou privé ? Un thème tout à la fois complexe, fascinant mais surtout essentiel à l’heure où cette confiance nécessaire à tous les échanges que nous effectuons au quotidien est sujette à une érosion croissante, même dans le secteur public. Les organisateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en jouant habilement sur les mots TRUST (confiance) et RUST (rouille) pour nous proposer le thème du hackaton : (T)RUST !
La page résumant les projets présentés témoigne de la diversité à la fois des approches choisies et des résultats finaux. Les projets imaginés par les différents groupes proposent des solutions allant de la sensibilisation à l’éducation en passant par des outils (numériques ou non) permettant de tangibiliser cette confiance si malmenée.
Après deux jours de brainstorming, d’échanges d’idées et de multiples esquisses, notre projet s’est concrétisé à travers la réalisation d’un manifeste incitant les individus, sur une base volontaire, à s’engager pour une meilleure expérience du service (pris ici dans sa globalité), source première selon nous d’une confiance accrue. Le(T)Manifesto comme nous l’avons appelé part du constat qu’il est temps de lancer une dynamique nouvelle pour reconquérir cette confiance qui s’érode et contribuer ainsi à une société plus digne de confiance, plus responsable et qui soit plus apte à rendre des comptes.
Les approches imposées par le haut ont montré leurs inefficacité. La meilleure manière d’initier ce changement passe plutôt selon notre équipe par une autonomisation des individus qui s’y lancent sur une base volontaire, dans une dynamique que nous avons baptisée WE (T)RUST. Notre ébauche du (T)Manifesto propose aux individus qui le désirent (dans leur rôle de citoyen, de collaborateurs de la fonction publique ou de membre d’une organisation privée) de signer un manifeste par lequel ils s’engagent à auto-évaluer leur niveau de confiance selon les critères suivants et à les améliorer constamment :
1. Bienveillance
La bienveillance mesure notre bonne volonté et/ou notre disposition à faire le bien dans notre vie quotidienne.
2. Transparence
La transparence mesure notre degré de transparence, en tant que personne et dans notre comportement. Fondamentalement cela signifie que vous n’avez pas d’agenda caché.
3. Engagement
L’engagement mesure notre implication dans l’accomplissement de nos tâches.
4. Responsabilité
La responsabilité mesure de quelle manière nous justifions de nos activités, nous en endossons la responsabilité qui nous incombe et nous en révélons les résultats de manière transparente.
5. Pertinence
La pertinence mesure notre capacité à fournir un service qui corresponde autant que possible aux attentes
Les individus qui signent le manifeste s’engagent sur chacun des points ci-dessus. D’une part en construisant leur (T)-Profile (leur profil de confiance obtenu en s’auto-évaluant selon ces critères). Et d’autre part en s’engageant à les améliorer constamment.
Notre ébauche de manifeste est concrétisée sur le site trust.unige.ch. On y trouve une explication de nos motivations, une page d’autoévaluation, la marche à suivre pour contribuer au mouvement WE (T)RUST, une page consacrée aux histoires en illustrant les usages ainsi qu’une page laissant la place aux perspectives envisagées.
Dans le court délai imparti, nous n’avons pas eu le temps d’aborder les moyens de tangibiliser ce (T)Profile, afin de pouvoir l’exposer aux autres et de le confronter ainsi à leur évaluation, dans le but de susciter des dynamiques vertueuses. Les pistes que nous avons envisagées vont du simple badge de couleur à des systèmes plus sophistiqués sur smartphone.
Ce sprint de 48 heures a dans tous les cas démontré dans quelle mesure une petite équipe motivée, travaillant selon les méthodes du design thinking peut délivrer un résultat concret et actionnable en très peu de temps. Ce résultat initial demande certes à être approfondi et confronté à d’autres points de vue. Mais il constitue selon nous une voie intéressante à suivre pour améliorer la confiance, dans le service public en particulier.
Souhaitons que cette ébauche de manifeste trouve de l’écho, à Genève ou ailleurs. Elle est à disposition sous licence Creative Commons (CC – BY – NC – SA) pour qui veut bien s’en emparer.
Notre petite équipe était composée de : Giovanna Di Marzo (ISS), Patrick Genoud (OT), Michael Mesfin (ISS), Jean-Henry Morin (ISS), Giorgio Pauletto (OT) et Jeremy SIGNIORELLI (designer indépendant).