Des Youtubeurs à la bibli : la vulgarisation sur le web & les bibliothèques

En octobre 2015, la bibliothèque de Rennes a organisé un évènement autour de la vidéo, des créateurs de contenus et de la vulgarisation sur le web. La bibliothèque Cleunay a d’abord accueilli un stage de deux jours proposant à des pré-ados de s’initier à la création de vidéo, puis une table ronde avec Axolot, Nota Bene et Metalliquoi, qui a rassemblé 200 visiteurs lors d’une soirée qui nous a beaucoup marquée !

Ce bilan vous propose un retour sur l’évènement, et pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur la façon dont nous l’avons organisé, les détails et ce que nous avons appris de l’expérience.

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Deux jours autour de la vidéo à Cleunay

Les 20 et 21 octobre 2015, la bibliothèque Cleunay s’est plongée dans l’univers de la vidéo sur Internet. Pendant deux jours, dans l’une des bibliothèques de quartier de Rennes, nous avons organisé un stage à destination des ados pour leur faire découvrir les techniques pour écrire, tourner, monter une vidéo, les spécificités et les codes de la vidéo sur Youtube. Avec Thibault, animateur multimédia, et Léa, chargée de projets numériques à la bibliothèque, neuf jeunes super-motivés ont investi la bibliothèque et créé plusieurs vidéos, notamment pour parler de leurs livres et BD favoris.

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Vous pouvez retrouver quelques photos du stage sur Flickr et un compte-rendu plus détaillé ci-dessous.

Le 21 octobre, nous avons organisé une table ronde suivie d’une séance de dédicaces avec trois Youtubeurs qui créent des contenus de vulgarisation et sont assez connus dans leur milieu. Patrick Baud est le créateur du blog et de la chaîne Youtube Axolot, où il dévoile les anecdotes scientifiques et historiques les plus étonnantes. Nota Bene réalise une émission de vulgarisation de l’Histoire, mais est aussi président de l’association la Vidéothèque d’Alexandrie, qui compile et soutient de nombreux créateurs de contenus. Enfin, Metalliquoi est une chaîne Youtube dédiée au metal pour les oreilles non-initiées.

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Ce fut un grand succès puisque 200 personnes les attendaient dans la salle de conférences/concert de la MJC l’Antipode. Au cours des 2h de table ronde nous avons évoqué de nombreux sujets : comment écrivent-ils leurs vidéos ? D’où tirent-ils leurs connaissances, leurs sources ? Quelles sont les spécificités du format vidéo et de la plateforme Youtube ? Nous avons aussi parlé du public, de son soutien et de son exigence, de l’inadaptation du droit d’auteur classique aux nouvelles formes d’expression sur le web, et de beaucoup d’autres sujets. La table-ronde a été enregistrée est est disponible à l’écoute en podcast. Vous pouvez également retrouver le live-tweet réalisé durant la conférence.

Enfin, la soirée se concluait par une séance de dédicaces, qui était en réalité le moment très attendu par les fans. Près de 150 personnes se sont regroupées dans la bibliothèque et ont attendu patiemment leur tour tandis que les trois Youtubeurs prenaient le temps de faire un dessin, une photo, de discuter avec chaque visiteur.

Toutes les photos de la soirée sur Flickr
Toutes les photos de la soirée sur Flickr

Cette rencontre autour de la vulgarisation sur le web était une première pour la bibliothèque, mais un succès unanime. Non seulement au vu de l’affluence et de la spécificité du public (une majorité de 20-30 ans, férus de culture geek sous toutes ses formes, qu’on ne voit pas forcément beaucoup en bibliothèque) mais aussi pour la découverte de ces personnalités passionnantes et de l’immensité des contenus de qualité que l’on peut trouver sur Internet.

Nul doute que les vidéastes, quels que soient leurs spécialités, ont toute légitimité pour être accueillis en bibliothèque au même titre que les auteurs, les illustrateurs et réalisateurs !

La recette de Youtubib

Dans la seconde partie de ce billet, nous allons rentrer dans les détails de l’organisation de ces deux jours. Nous n’avons pas la prétention de tout connaître et d’avoir réalisé tout cela parfaitement, nous avons simplement envie de partager ce retour d’expérience et, qui sait, de vous donner envie d’en faire autant  :)

  1. Des Youtubeurs à la bibli, pourquoi donc ?
  2. Le choix des intervenants
  3. Un atelier “crée ta vidéo” pour les 10-14 ans
  4. L’organisation de la table ronde
  5. Une communication 100% en ligne
  6. Garder des traces
  7. Si c’était à refaire…

Des Youtubeurs à la bibli, pourquoi donc ?

On aurait tort de réduire la vidéo sur Internet à un vaste stock d’images humoristiques et de chats qui jouent du piano. Les contenus intéressants, artistiques, culturels, didactiques, y sont en nombre, et leurs créateurs sont les artistes et auteurs d’aujourd’hui. Youtube est l’immense plateforme et réseau social de Google, qui recense un nombre démesuré de contenus et plus de 4 milliards de vidéos vues chaque jour, ¼ de la bande passante mondiale. Elle est devenue une référence et de nombreux internautes y vont tous les jours.

Les créations vidéo sur Internet doivent être considérées comme un objet culturel à part entière. Un objet différent de ce que l’on a connu jusqu’ici, qui connaît ses propres règles et modes de diffusion. Chacun peut mettre des contenus sur Youtube, et c’est en cela que les bibliothécaires peuvent avoir un rôle à jouer : repérer, sélectionner, mettre en valeur les contenus les plus pertinents, faire découvrir, faire créer à son tour.

D’une certaine manière, certains vidéastes rejoignent nos missions, puisqu’ils mettent en ligne des contenus culturels et en assurent ainsi le libre accès à tous via internet. La Vidéothèque d’Alexandrie, association loi 1901 que préside Nota Bene, essaye de promouvoir des contenus de vulgarisation de qualité. Cela interroge le rôle des bibliothécaires et des bibliothèques sur la manière dont nous devons tenter de valoriser des contenus comme les vidéos sur Youtube, qui fait parti des sites les plus consulté sur nos postes internet par nos lecteurs petits et grands.

Inviter des vidéastes en bibliothèque représente un intérêt à la fois pour eux et pour nous. Les faire entrer dans notre univers, au même titre que les auteurs, illustrateurs, réalisateurs, permet de valoriser leurs créations et leur donner le statut d’acteur culturel que certains méritent amplement. De notre côté, cela nous permet de rencontrer des publics que nous ne voyons pas toujours en bibliothèque, de donner une autre image du lieu, de lier la bibliothèque aux pratiques numériques de son temps.

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Le choix des intervenants

Depuis le temps que nous avions envie de valoriser la culture Youtube en bibliothèque, les idées ne manquaient pas. De l’univers des jeux vidéo aux booktubeurs (critiques de livres en vidéo), en passant par les humoristes et les musiciens, nous avions de quoi envisager un cycle complet de rencontres ! Nous avons finalement choisi de nous concentrer sur l’univers de la vulgarisation, et ces vidéastes qui font découvrir un sujet, expliquent des notions de sciences, histoire ou encore musique, à leurs auditeurs.

Je ne vais pas vous lister tous les noms qui nous sont venus à l’idée, mais avec nos connaissances existantes et après une petite veille sur le sujet, il y en avait une bonne trentaine, en comptant seulement les créateurs français. Nous voulions une diversité dans les thèmes abordés (sciences, histoire, musique, cinéma, littérature, société, politique, jeux vidéo…) Nous avons donc sollicité, entre autres, Axolot, le Fossoyeur de Films, e-penser, PV Nova, Nota Bene, Metalliquoi, Ginger Force, Experiment Boy, Pouhiou…

Nous avions aussi envisagé d’élargir la thématique au delà de la vidéo, et d’inviter des blogueurs, dessinateurs, comme Marion Montaigne (Tu mourras moins bête) ou Boulet. Cela n’a pas été possible cette fois-ci, mais les collaborations entre toutes ces formes de créations sont fréquentes et apporteraient davantage de diversité.

Patrick Baud alias Axolot & son livre éponyme
Patrick Baud alias Axolot & son livre éponyme

Une fois notre liste au père Noël créée et priorisée, nous avons commencé à contacter les créateurs. Nous avons été rapidement confrontés à deux problèmes : la difficulté de trouver un moyen de contact et les emplois du temps bien remplis.

En effet, contrairement à un accueil d’auteur classique en bibliothèque, où nous prenons contact avec un éditeur, et donc avons un interlocuteur direct, comment contacter un Youtubeur ? En fonction des personnes et des points de contact qu’ils proposent, nous avons testé plusieurs méthodes. Via le formulaire de contact du site, une adresse mail laissée dans la section “à propos” du profil Youtube, la méthode la plus efficace restant le message privé sur la page Facebook. Cela peut sembler surprenant quand on n’a pas l’habitude, et cela oblige à s’investir personnellement dans la démarche, mais mis à part quelques-uns qui n’ont pas répondu à nos sollicitations, la plupart des personnes contactées nous ont donné une réponse, qu’elle soit positive ou négative, assez rapidement.

L’invitation de la part d’une médiathèque est-elle suffisamment insolite pour se démarquer au milieu des messages des fans ? Comment le savoir  ;)

Nous avons commencé à contacter de potentiels intervenants en mai, pour une date en novembre. Il fallait au moins cela, car certaines personnes avaient déjà un emploi du temps bien chargé à cette période. Il ne faut pas sous-estimer les diverses conventions, interventions et séances de dédicaces qui s’ajoutent au programme de travail habituel des vidéastes dont c’est l’activité principale.

A l’inverse, d’autres le font en plus de leur activité à temps plein, et auraient dû prendre un ou plusieurs jours de congé pour participer à notre évènement, ce qui a rendu la chose difficile. Nous avons également dû composer avec la distance, le trajet en train, toutes ces contraintes ont rendu la participation de certaines personnes impossible.

Affiche de Vulgarizators 2, tous droits réservés PerleGV.
Affiche de Vulgarizators 2, tous droits réservés PerleGV.

Pour de futures rencontres, beaucoup d’autres thèmes sont envisageables : un focus sur les nouvelles pratiques autour du jeu vidéo, une rencontre spéciale critique de films/livres/musique, une autre rencontre axée vulgarisation pour inviter tous ceux qui n’avaient pas pu venir la première fois…

Notons que nous avons été inspirés par l’évènement Vulgarizators, qui a rassemblé plus de 500 personnes dans un amphi à Lyon, et reprend pour une seconde édition le 21 novembre. A peu près à la même période que nous, la bibliothèque Yourcenar à Paris accueillait une youtubeuse et une blogueuse autour des écritures numériques.

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Un atelier “crée ta vidéo” pour les 10-14 ans

En amont de la table ronde avec les youtubeurs, nous avons organisés un stage de deux jours pour initier des ados à la création de vidéos. Voici un petit récit du contenu de cet atelier.

  • Participants : 9 enfants entre 10 et 14 ans
  • Durée : deux jours, un mardi et un mercredi, pendant les vacances scolaires, 10h-12h30 et 13h30-17h, avec un pique-nique ensemble à midi
  • Lieu : dans la bibliothèque Cleunay et dans la MJC l’Antipode (Rennes)
  • Intervenants : Thibault Ayache (animateur multimédia) et Léa Lacroix (médiatrice numérique à la bibliothèque)
  • Matériel utilisé : 5 iPads, un ordinateur avec plusieurs logiciels de streaming et montage, wifi dispo dans la bibliothèque
  • Communication : flyers dans la bibliothèque + un peu de com’ en ligne + liste de diffusion de la maison de quartier ( 200 partenaires institutionnels)
  • Budget : 470€ (intervention de l’animateur + petit matériel)

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Ils étaient neuf, ils avaient entre 9 ans et demi et 13 ans, ils étaient ultra-motivés et venaient déjà avec leurs petites habitudes et leurs préférences sur Internet. Des joueurs de FPS, des fans de Minecraft, qui regardent des vidéos de “gaming”, c’est à dire d’autres joueurs qui retransmettent et commentent leurs parties de jeux. Mais aussi des filles qui s’intéressent déjà aux vidéo “lifestyle”, des tutos maquillage, des critiques de livres ou de films, des challenges. Et le point commun à tout cela : de l’humour !

De là à se mettre à créer eux-mêmes des vidéos ? Certains se sentaient prêts, d’autres moins. Avec Thibault, animateur multimédia et calé en jeux vidéo, on a fait un petit tour de table pour mieux connaître nos jeunes stagiaires.

Ensuite, un peu d’analyse : en comparant quatre vidéos (du Joueur du Grenier, d’Enjoy Phoenix, de Fanta et Bob et de PV Nova), nous avons discuté des sujets abordés par ces deux vidéastes, du public qu’ils visent, de leur identité visuelle et sonore, de leurs façons de s’exprimer…

Après avoir observé les pratiques de ces vidéastes qui sont arrivés à un niveau quasi-professionnel, Thibault nous avait dénichés quelques perles de “fails” : des débutants, des exemples parfaits de ce qu’il ne faut pas faire. Ne pas avoir assez préparé sa vidéo, parler avec un chewing-gum ou pas assez fort, bafouiller, mal régler l’image, ne rien avoir à dire… Facile de critiquer, pas vrai ? Les jeunes s’en donnaient à cœur joie et c’était l’occasion de parler de la critique sur Internet, de la violence de certains commentaires, qui tournent parfois au harcèlement. Enfin, on regarde la très bonne vidéo d’Antoine Daniel qui donne 20 conseils pour se lancer sur Youtube. Il est midi, on pique-nique tous ensemble dans le hall de l’Antipode, et ensuite, place à la pratique !

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Côté matériel, nous avons essentiellement utilisé les tablettes que possède la bibliothèque. 5 iPads avec l’application iMovie, une rapide démo pour comprendre comment s’en servir, et on lâche nos ados dans la bibliothèque avec une mission : en binôme, faire une vidéo d’une minute pour expliquer comment les livres sont rangés.

Très spontanément, les jeunes se mettent en scène et se filment. Pas de rédaction de trame, de scénario, en même temps, on ne leur avait pas donné d’instructions. ça tourne, ça recommence, ça coupe, ça fait des blagues, ça monte, ça rajoute des sons et des effets spéciaux, ça rigole.

Au bout d’une heure et demie, on fait le point et chacun montre sa vidéo aux autres, on critique ensemble. Forcément, pour un premier jet, plein de points sont à améliorer : les bafouillages, le son pas assez fort, la tablette qui tremble, les effets musicaux douteux, le ton un peu guindé. Mais on sent déjà que certains se sentent à l’aise et on trouvé leur identité pour se démarquer.

Le lendemain, les ados reprennent les tablettes et nous leur proposons un deuxième exercice, plus libre : choisir un document dans la bibliothèque, en parler, expliquer pourquoi on l’aime bien. Toujours une courte vidéo à réaliser dans un temps limité. Cette fois-ci, on incite les jeunes à réfléchir un peu avant de filmer : quel décor ? Quelle trame ? Quels monologues ?

Nos booktubeurs en herbe on vite fait de choisir un livre, une BD ou un magazine et de réaliser leur première critique en vidéo. Dans leur façon de s’exprimer devant la caméra, on retrouve très spontanément les tics et les éléments de langage de leurs Youtubeurs favoris, mais c’est normal après tout, c’est par mimétisme qu’on apprend. De nouveau, on analyse ensemble leurs productions, chacun fait son auto-critique et constate les améliorations par rapport à sa première vidéo.

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Avant le déjeuner, on se pose un peu pour décrypter ensemble une chaîne Youtube. On parle encore identité visuelle, logo, classement des vidéos, statistiques, commentaires et partages. Tenir une chaîne et le faire bien, c’est plus de boulot qu’il n’y paraît.

On rentre aussi dans les considérations techniques en parlant de matériel et de logiciels de montage vidéo. Lors du stage, on a travaillé uniquement avec des tablettes et une appli, mais on a beaucoup évoqué les caméras, la prise de son, les logiciels (gratuits ou crackés ?) et leurs fonctionnalités (monter, faire du streaming, de l’animation…) et aussi la configuration requise sur un ordinateur pour faire tourner tout ça.

Thibault a apporté un logiciel pour faire de la captation en direct de ce qui se passe sur l’écran. Nos mini-gamers sont très intéressés par la possibilité d’enregistrer leurs parties de jeux vidéo, ils font donc des essais, tandis que l’autre moitié du groupe continue de filmer et d’expérimenter.

Il est déjà 17h, nous avions proposé aux parents de venir à la fin du stage visionner les productions de leurs mômes. C’est donc sous le signe du partage que se terminent ces deux jours de stage, qui se sont déroulés en toute convivialité dans une bibliothèque bien remplie en cette semaine de vacances !

Mais alors, me direz-vous, où peut-on visionner les œuvres réalisées pendant le stage ? Eh bien, elles ne sont pas en ligne. Nous avions tout prévu pour le faire, notamment en faisant remplir aux parents lors de l’inscription un document donnant leur accord pour que les photos et vidéos des enfants soient diffusées sur Internet. Mais, suivant les conseils avisés d’Antoine Daniel, nous avons estimé que leurs productions étaient des exercices, n’étaient pas suffisamment abouties pour être jetées dans le grand bain du web. Nul doute que nos mini-youtubeurs vont s’y remettre bientôt et publier leurs premières vidéos  :)

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L’organisation de la table ronde

La bibliothèque Cleunay se situe au sein de la MJC l’Antipode à Rennes, qui est également une SMAC. Rapidement, lors de la définition du projet et voyant l’ampleur que pouvaient prendre certains évènements impliquant des youtubeurs, nous avons décidé d’organiser la table ronde dans la salle de concert qui peut également servir de salle de conférence.

L’Antipode a rapidement accepté de nous mettre la salle à disposition, et dès juillet il a fallu trouver une date ou il n’y avait pas de concert prévu. La mise en place et le démontage de la salle leur incombait, donc encore merci à eux qui ont fait des heures sup’ jusque tard pour tout remettre en état. Le technicien qui s’est occupé du son pendant la conférence était rémunéré par nos soins.

Nous avons cependant souhaité conserver un lien avec la bibliothèque en proposant la séance de dédicaces à l’intérieur, à la suite de la table ronde.

La jauge prévue dans la salle de conférence était de 140 personnes, nous l’avons finalement dépassée (avec l’accord de l’Antipode) avec 200 personnes présentes, puis environ 150 qui se sont déplacées dans la bibliothèque pour les dédicaces !

Au total, l’ensemble de l’évènement a nécessité un budget de 1900 euros (470€ pour l’atelier vidéo avec les ados, 200€ pour le technicien de la salle, 300€ de rémunération pour certains intervenants et 1030€ pour les frais de déplacement, hébergement et restauration des intervenants).

En prévision de l’affluence, nous avons veillé à ce que le déplacement des participants et des intervenants se fasse dans les meilleures conditions possibles (entrée dans la salle de conférence, déplacement vers la bibliothèque, mise en place de la session dédicaces avec des tables, chaises, flyers supports pour les signatures et boissons pour les intervenants).

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L’organisation de cet évènement n’aurait pas été possible sans le soutien :

  • de l’action culturelle du réseau des bibliothèques, qui a engagé le budget nécessaire
  • de l’ensemble de l’équipe de la bibliothèque Cleunay, qui a pris part activement au bon déroulement du jour J, notamment dans la gestion des entrées, des déplacements des participants et du confort des intervenants
  • de l’équipe de l’Antipode et du technicien qui se sont assurés que tout se déroule dans de bonnes conditions
  • d’Hadrien Bibard, chroniqueur radio et podcasts, qui a contribué à préparer et animer la table ronde afin de proposer du contenu de qualité à nos auditeurs
  • des photographes, live-twitteurs et autres bonnes volontés qui ont relayé les infos avant, pendant et après l’évènement

Si vous organisez un évènement similaire, n’hésitez pas à vous rapprocher des personnes et associations qui travaillent déjà sur des sujets similaires, qui pourront vous aider dans la préparation de l’évènement ou avoir de bons canaux pour relayer votre communication. Numérique, cinéma, jeux vidéo, en fonction de votre thème, il existe certainement des acteurs sur votre territoire !

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Une communication 100% en ligne

Contrairement à nos habitudes en bibliothèque, nous avons fait le pari d’une communication totalement numérique. Tout d’abord parce que les délais de nos impressions de plaquette trimestrielle n’étaient pas compatible avec notre organisation (les noms des intervenants n’ont été connus que quelques semaines avant le jour J). Et surtout, parce que nous savions que le public visé, des internautes curieux et plus ou moins habitués à la culture web, prennent leurs informations essentiellement sur Internet et via l’effet de bouche à oreille que procurent les réseaux sociaux.

Le point central de notre communication était donc un évènement Facebook. Son visuel avait été conçu spécialement pour les réseaux sociaux (dimensions adaptées au partage sur Facebook et Twitter, toutes les informations essentielles présentes sur l’image, éléments directement reconnaissables par les fans : visages et logo de chaque vidéaste).

Bannière Facebook

Nous avons relayé par différents moyens cet évènement, en s’appuyant notamment sur les relations personnelles des organisateurs (partage avec les amis) et en comptant sur l’effet de re-partage, de recommandations entre amis. Il était également important que les intervenants partagent d’une façon ou d’une autre l’information à leurs communautés de fans. A partir du moment ou Axolot et les autres ont partagé l’évènement sur leur page Facebook, nous avons vu le nombre d’inscrits monter en flèche !

L’évènement Facebook permet de suivre en temps réel l’intérêt du public pour la rencontre. Même si le nombre “d’inscrits” ne reflète pas forcément la réalité du nombre de personnes qui viendront vraiment, cela permet de se donner une idée. Facebook permet également une interaction simple entre le public et les organisateurs, les uns peuvent poser des questions et les autres faire passer des informations sur la rencontre.

Il est important d’être présent sur les réseaux pendant toute la période de communication, de répondre rapidement aux questions du public, de proposer régulièrement de nouvelles infos sur la page (teasing, liens, photos…), d’endiguer les éventuels conflits ou spams qui peuvent survenir, bref, un travail d’animation de communauté à part entière.

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A chaque évènement, grâce aux réseaux sociaux, Twitter en tête, des personnes participant relayent en temps réel ce qu’elles voient, les infos qu’elles retiennent ou qui les marquent particulièrement. Il est important, lors de la communication en amont, de définir un hashtag (mot-clé) unique et officiel sur lequel les participants vont pouvoir faire un live-tweet s’ils le souhaitent. Ce mot-clé doit être court, facile à retenir et taper, ne pas avoir déjà été utilisé auparavant. Nous avons utilisé #youtubib.

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Garder des traces

Aujourd’hui, on ne prépare plus un évènement, d’autant plus s’il touche à la culture du web, sans penser à la communication qui aura lieu pendant et après celui-ci.

Les photos sont naturellement importantes pour conserver une trace de la rencontre, illustrer nos propos plus tard dans un bilan ou un article. Le top est évidemment d’avoir une personne dédiée à cela pendant l’évènement. Petit plus ? Les proposer en accès libre et sous licence libre afin que d’autres internautes, ou les intervenants, puissent les réutiliser par la suite  :) Nous en avons partagé quelques unes sur Flickr.

La retransmission de la rencontre était attendue par notre public et nous a été demandée à l’avance, sur Facebook, par des personnes ne pouvant pas se déplacer. Ce qui se fait sur de gros évènements est une retransmission en vidéo en temps réel. Cela demande naturellement des moyens matériels et humains suffisants, ce que nous n’avions pas cette fois-ci. Filmer la conférence, puis la diffuser plus tard, était également une option. Pour cette fois, nous avons dû nous contenter de l’enregistrement audio, capté grâce à la console de son dans la salle de conférence. Nous avons tâché de traiter le fichier et de le mettre en ligne le plus vite possible afin de répondre aux attentes du public. L’enregistrement durant moins de 2h, nous avons pu le mettre en ligne sur Soundcloud et le partager sur les autres réseaux.

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Grâce au hashtag Twitter annoncé avant l’évènement, nous avons pu collecter les tweets postés lors de la rencontre et des dédicaces. Nous avions demandé à une bénévole de live-tweeter la conférence (merci encore Sophie), ce qui nous assurait une bonne base, mais d’autres internautes ont également ajouté leurs commentaires. Cependant, même avec un hashtag, les tweets se perdent vite dans l’immensité du web et après quelques semaines, il n’est pas aisé de les retrouver. L’outil Storify est prévu pour ça, et permet de sélectionner, compiler, scénariser des tweets, photos, vidéos, et autres contenus de réseaux sociaux. Nous avons ainsi conservé notre “histoire” ici. Elle permet de garder une trace des interventions, des moments et phrases clé, en complément de la rediffusion sonore ou vidéo. Petite astuce : le Storify est à réaliser assez vite (un ou deux jours après l’évènement) sinon la recherche des tweets est plus complexe.

La communication post-évènement, relayant ces différentes traces, permet de continuer le dialogue avec les publics, de faire continuer un peu ce bon moment qu’était la rencontre, de récolter leurs feedbacks…

Enfin, les traces sur le web permettent facilement de constituer une documentation de l’évènement, intéressante pour quiconque voudrait se renseigner sur le sujet.

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Si c’était à refaire…

L’opération dans sa globalité était une réussite. Les participants étaient nombreux (on est bien loin des dizaines de milliers de visiteurs de Video City mais pour la bibliothèque, c’est déjà un nombre impressionnant), et le public touché était différent de nos publics habituels. Les retours sur les contenus de la conférence étaient positifs, à la fois de la part de fans déjà sensibilisés aux cultures du web, comme des néophytes. Les participants avaient l’air contents même si nous avons été obligés d’en frustrer quelques-uns lors de la clôture des dédicaces.

Évidemment, à la suite l’évènement, nous avons noté des points d’amélioration possibles et nous sommes posés plusieurs questions pour une éventuelle suite.

Tout d’abord, nous aurions aimé avoir plus de diversité dans notre casting, et notamment ne pas recevoir que des hommes  ;) Nous avions contacté plusieurs femmes, nous devrons faire plus d’efforts la prochaine fois afin de valoriser toutes celles qui produisent du contenu de qualité sur le web !

Nous n’avions pas prévu assez de temps pour les dédicaces, surpris par l’affluence, nous n’avions sans doute pas mesuré à quel point c’était le moment le plus attendu par les visiteurs. Et la signature sur un petit flyer n’en était pas la raison principale : les participants souhaitaient avant tout échanger quelques mots avec ces personnes qu’ils voient quotidiennement sur leur écran et dont ils se sentent proches. Et bien sûr, faire une photo pour immortaliser le moment. Tout cela prend du temps, d’autant plus que les vidéastes prennent ce moment très à cœur et font de leur mieux pour passer un moment spécial avec chacun. L’heure prévue, allongée à deux heures, n’était pas assez pour satisfaire les quelques 150 participants.

Pour une prochaine fois, il faudrait donc prévoir plus de temps. On pourrait aussi réfléchir à un format différent de la traditionnelle dédicace. Quelque chose de plus interactif et ludique, ou les fans pourraient dialoguer et construire quelque chose avec les Youtubeurs ?

Une soirée, c’est finalement très court, il faudrait peut-être imaginer un rendez-vous sur deux jours, avec une rencontre et des petits ateliers entre les Youtubeurs volontaires et des vidéastes débutants (comme se qui se fait au festival Quai des Bulles avec certains dessinateurs). Laissant plus de temps pour organiser des temps de dédicaces en alternance des temps de rencontre.

Dans la même idée, nous aurions souhaité pouvoir faire le lien entre l’atelier “pratique” avec les ados, et les vidéastes aguerris invités, par exemple un temps d’échange où ils auraient échangé questions et conseils. Pour des raisons d’horaires de train, cela n’a pas été possible, mais cela aurait été sans doute très enrichissant.

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Si nous continuons le concept, devons-nous rester sur une thématique “vulgarisation” ? Bien d’autres thèmes sont possibles. Notre partenaire l’Antipode MJC est intéressé pour s’impliquer un peu plus dans une édition ultérieure, et du coup donner une coloration musicale plus affirmée pour certains invités.

Le concept de partage reste l’objectif n°1. Si on trouve des liens entre livre et contenus en ligne c’est mieux mais ce ne doit pas être une priorité dans le choix des intervenants (1 seul sur les 3 de notre première mouture avait publié quelque chose).

Suite à cette rencontre, des idées d’ateliers booktubeurs ont germé chez les bibliothécaires jeunesse, une collaboration avec l’accueil jeune de l’Antipode est peut-être envisageable.

Dans tous les cas, le succès de l’opération nous a prouvé que Youtubeurs et bibliothèques faisaient très bon ménage et nous donne très envie de recommencer l’expérience. Peut-être dans les mois à venir, autour du jeu vidéo ? #teasing

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Merci de nous avoir lus jusqu’au bout ! Merci encore aux différentes personnes qui nous ont soutenus et aidés  :)

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter directement !

  • Léa Lacroix : @Auregann ou lea.lacroix (chez) gmail.com
  • Patrick Boulat : @Pat_Boul ou p.boulat (chez) ville-rennes.fr

Ce retour d’expérience a été rédigé par Léa Lacroix et Patrick Boulat, sous licence CC-BY-SA : vous pouvez le partager, le copier, le diffuser, en citant les auteurs et sous la même licence.


Doc@Rennes

Le collectif doc@Rennes s’est construit début 2014, il a pour objectif de rassembler les professionnels des milieux de la documentation (bibliothécaires, documentalistes, archivistes) mais aussi de la culture ou de l’éducation… et de leur permettre de se rencontrer et de partager leurs connaissances.


URL: http://docarennes.wordpress.com/
Via un article de Auregann, publié le 13 novembre 2015

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