Projet Expert, laboratoire d’usages Marsouin

Réflexions sur l’écrit public à Brest, enseignement du projet Expert.

Un bilan de l’écrit public accompagné et de l’initiative d’une place publique locale

La démarche « écrit public » développée par la ville de Brest au sein du service Démocratie Locale et Citoyenneté est une volonté de favoriser l’expression publique dans la cité par l’utilisation active des outils de l’internet et du multimédia. À côté des politiques publiques centrées sur les services en ligne et le soutien aux entreprises et laboratoires des technologies de l’information et de la communication, c’est ici un accompagnement d’usages dans un souci de lien social, de participation et d’innovation sociale dans la cité qui est proposé.

Cette politique s’inscrit dans la continuité du soutien aux journaux de quartier mis en place depuis une quinzaine d’années sur la ville, de la co-animation avec la Ligue de l’enseignement du collectif de journaux. Les rencontres « Ecrits ecrans publics » de janvier 2006 [1] ont symboliquement croisé ces pratiques d’expression des journaux et de cultures numériques.

Le projet EXPERT a été l’occasion de prolonger cette démarche et d’y d’apporter un regard extérieur source de réflexion pour la poursuite d’une politique publique favorisant l’« expression citoyenne ».

Reprise de l’article publié sur le site du projet Expert

E - X - P - E - R -T
EXpression Publique : État des lieux et Réalisation de Tutoriaux

publié lundi 6 février 2006

par Hakima Moussaid, Florence Morvan, Michel Briand, Frédéric Bergot

Autres articles publiés :

publié samedi 31 décembre 2005

par Nicolas Jullien

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publié lundi 9 janvier 2006

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publié vendredi 27 mai 2005

par Aude Barthélemy

  • Expression citoyenne dans la Société de l’information.

Article publié dans le cadre de l’ouvrage "Enjeux de mots : regards multiculturels sur les sociétés de l’information à paraître

par Michel Briand

publié jeudi 26 mai 200(

par Aude Barthélemy

Après l’accès public, l’écrit public.

L’écrit public à Brest vient après 6 ans de déploiement de PAPIs (Points d’Accès Publics à Internet - 63 actuellement à Brest) visant une appropriation sociale des outils d’Internet dans la ville tant dans la population que parli les acteurs du service public local au sens large (collectivités locales, services d’intérêt général, équipements de quartier, associations...)

Le volet « écrit public » correspond à une volonté de ne pas en rester à un développement de l’usage passif, pour accompagner l’écriture locale, source possible d’autonomie de reconnaissance des personnes, de lien social et de participation à la vie de la cité. La toile du web étant par nature publique, ainsi est née l’expression « écrit public ».

Le projet Expert s’est intéressé au volet écriture centré sur la publication par Internet (en utilisant SPIP), axe essentiel du développement soutenu par la ville de 2002 à 2005. En parallèle, les médias d’expression numériques se sont diversifiés. L’appel à projet annuel sur les usages [2] qui constitue un levier de l’accompagnement a ainsi mis en valeur le développement des vidéos en 2004 puis celui des radios en 2005.

La rencontre « écrits écrans publics » évoquée plus haut constituant là aussi une vitrine de cette convergence des pratiques autour d’un écrit public devenu aujourd’hui multimédia.

En parallèle avec la démarche précédente sur l’accès public la ville a eu le souci d’accompagner la diffusion des usages de l’écrit public (c’est à dire à ce moment de publication sur le Web) dans le réseau des acteurs au sein de la ville.

Le projet EXPERT s’est inscrit dans cette démarche

  • en renforçant le dispositif de formation
  • en accompagnant le projet de place publique locale
  • et en permettant un regard extérieur critique sur la démarche engagée.

1 L’axe de la diffusion accompagnée de l’écrit public.

Le premier axe est constitué du dispositif d’ateliers mis en place en partenariat avec Anne Dhoquois du magazine Place publique et Aude Barthélémy de l’association Infini pour accompagner l’appropriation de l’écrit par la publication sur le Web.

Nous avons fait le choix d’accorder une place importante dans ces ateliers aux règles d’écriture de type journalistique : rédiger une brève, titrer un article, réaliser une interview... dans la lignée de l’approche publication retenue pour l’écrit public.

Ceci correspond aussi à une phase d’appropriation de ces outils facilitant l’écriture sur le Web sans connaissance de langage et de syntaxe informatique qui se diffuse dans les réseaux de l’internet citoyen en France entre 2000 et 2004 en amont du mouvement des blogs : réseau de l’Internet Citoyen Créatif et coopératif « I3C » ( 2000), Rencontres Remicsà Bordeaux (2001) , rencontres I4C à Brest (2002), Forum des usages coopératifs à Brest (2004)...

La ville de Brest se caractérisant dans ce mouvement par une volonté de diffusion locale à l’échelle d’un territoire de ces pratiques dans la ville.

Les ateliers mis en place.

La formation à l’outil, indispensable, n’a constitué qu’un quart des séances, pour une moitié à cet accompagnement de l’écrit. Elle continue à être proposée dès qu’il s’agit par exemple d’un nouveau projet de site ou d’élargir le nombre de rédacteurs d’un magazine.

Le dernier quart a été l’occasion d’ouvertures aux questions techniques (développement des architectures de site) et aux questions de droits associés aux contenus avec notamment un important travail d’information et d’appropriation autour des contrats « Creative Commons ».

Dans ce dispositif d’écriture la dimension participative est importante. Au sein de la ville ces outils ne sont utilisés qu’au sein de délégations et de services ayant fait le choix de cette démarche : conseils de quartiers, projet éducatif local, citoyenneté et nouvelles technologies. Dans les associations, nous retrouverons cette démarche participative [3] à côté d’une utilisation de la publication comme outil pratique et peu onéreux de communication et d’information.

Le projet EXPERT a ainsi permis de renforcer cet accompagnement pour proposer 3 types de formations (de 2003 à 2005) :

  • écrit journalistique :
  • techniques journalistiques
  • éditing
  • interview, brève, angle, mode de traitement
  • portrait
  • conférence de presse
  • charte et ligne éditoriale
  • reportage
  • ateliers spécialisés :
  • les blogs,
  • squelettes, graphisme et Web,
  • EPN Admin,
  • Wikipédia,
  • la propriété intellectuelle à l’heure du numérique avec des débats sur :
  • la liberté de télécharger sur Internet existe-t-elle ?
  • le phénomène des blogs,
  • le droit à l’image, principes et précautions
  • le droit d’auteur
  • licence Creative Commons,
  • initiation à l’utilisation de l’outil SPIP (co-publication),
  • de multiples sessions tant globales que la ville (à raison d’une formation par mois) que locale sur des projets spécifiques à une organisation oui un groupe d’acteurs locaux).

Le public

Durant cette période ce sont plus de 200 personnes qui ont participé au moins une fois à ces ateliers. Il s’agit plutôt d’acteurs de la vie locale évoluant dans des associations autour de la solidarité internationale, du multimédia, de la vidéo, de la publication (journaux de quartier), des loisirs. Mais aussi de professionnels du service public (mairies, CAF, bibliothèques, animateurs multimédia).

Le retour des ateliers

La plupart des participants avaient déjà un projet d’écriture, associatif ou professionnel. Ils venaient avec une demande bien précise : apprendre à écrire, communiquer, apporter une parole compréhensible.

D’autres, qui savaient déjà écrire, avaient pour objectif d’améliorer leur écriture.

Enfin, certains qui avaient des problèmes avec l’écrit, cherchaient par le biais de la formation à se réconcilier avec l’écrit. Il s’agissait alors là d’une initiative personnelle. Mais pour l’ensemble, il ressortait un réel plaisir d’écrire...

La participation à ces formations était relativement importante (jusqu’à 28 participants !) Elles se sont diluées en 2005, pour aller vers une demande plus locale : site de quartiers, demande d’un journal, d’une association, d’un service... Peut-être avions-nous fait le tour des thématiques ?

Le nombre de sites hébergés par l’association Infini, le développement de nombre de magazines, le réseau de rédacteurs au sein des associations et des quartiers constitue un premier résultat concret de cette politique d’accompagnement.

La diffusion d’autres modes d’expression multimédia, la baisse des demandes sur l’écrit journalistique, les besoins en proximité nous amènent à redéployer notre accompagnement.

Perspectives 2006. Vers des formations « à la carte »

Ces formations qui étaient données au sein de la mairie, sont maintenant réalisées dans les quartiers, au plus près des habitants ou suite à une demande précise comme par exemple former les nouveaux conseilles de quartier.

Ces formations de proximité permettent ainsi de toucher ceux qui ne vont pas d’eux mêmes à une formation tout public ou pour qui la démarche de sortir de son lieu de vie est encore difficile. Ces formation se font alors « à la carte » en rapport direct avec le projet de quartier. L’accompagnement est ainsi plus individualisé et l’implication des services plus importante.

Quelques exemples :

  • l’accompagnement au site de la MPT du Valy hir,
  • l’accompagnement du journal couleur-quartier,
  • le projet de journal papier et sur le Web du conseil local de la jeunesse (des formations à l’écrit journalistiques ont déjà été données),
  • le projet de création de site Internet de quartier d’une association (accompagnement journalistique et techniques de création de site Web),
  • l’accompagnement à l’écrit des conseillers de quartiers (formations à l’écrit et des formations à l’outil de co-publication - existence d’un journal des conseils de quartier-),
  • des projets autour de la mémoire de quartier (formations à l’écrit et des formations à l’outil de co-publication - Mémoires de Saint-Pierre).

Apport du projet sur cet axe de la diffusion de l’écrit public

En proposant des formations à l’écrit et aux outils de publication le projet EXPERT a renforcé le réseau d’acteurs impliqué dans cette appropriation de l’écrit publié sur le web, base d’un élargissement des pratiques autour d’autres modes d’expression multimédias. C’est justement à la conclusion d’Expert que s’est tenue la rencontre « écrits écrans publics - Les expressions multimédias dans la ville » des 25-26 janvier 2006.

Ces deux journées ont rassemblé 200 acteurs brestois et au-delà -Paris, Nantes, Rennes, St Malo, la Belgique- de l’écrit public sous toutes ses formes : journaux de quartier, carnets de voyage, publications sur le Web, vidéos de quartier, TV associatives, radio, webreportage, blogs, photo...

Cette rencontre a permis de faire se croiser les différentes formes de l’écrit public utilisées par les uns et les autres autour de stands d’expositions, d’ateliers et de conférences/débats sur des sujets tels que :

  • « pourquoi les gens écrivent ? »
  • « panorama de l’art numérique en France »,
  • « l’expression des jeunes, blogs et podcasting »,
  • « comment le travail des écrivains a-t-il été influencé par l’arrivée des outils multimédia ? »
  • « l’écriture collective, une écriture contemporaine »
  • « quelle diffusion pour les réalisations locales ? »

Le projet EXPERT a aussi permis de s’interroger sur la place de l’écrit public à Brest. Il a été l’occasion de faire un état des lieux des projets liés à l’écrit public à Brest et plus largement de l’expression publique à Brest.
2 L’axe Place Publique Locale Brest.

La ville entend favoriser un apprentissage de l’écrit public qui donne à voir les activités des uns et des autres, met en relation, dynamise le débat public. Apprendre à écrire avec le multimédia sur le web avec la photo, l’image ou la musique sont des habilités des moyens de communiquer dont le service souhaite faciliter l’accès à tous.

À Brest il existe une forte dynamique autour de l’écrit à travers différents réseaux :

  • un collectif regroupant 15 journaux de quartier,
  • une rencontre annuelle des journaux de quartier,
  • des points lecture-écriture dans les quartiers,
  • une rencontre annuelle autour des carnets de voyage,
  • un festival du conte,
  • des écrits locaux comme « au pied de ma tour »...

... qui se prolonge aujourd’hui par une dynamique utilisant Internet et le multimédia : webtrotteurs des quartiers, webtrotteurs des lycées : 200 jeunes des 3 lycées professionnels et général de la cité scolaire de Kérichen)... D’autre part, après l’accès public accompagné, la Ville de Brest soutient depuis 2002 ans une appropriation de l’écrit public sur le Web (cf supra). En deux ans, les pionniers ont laissé la place à de multiples initiatives qui se tissent au fil des ateliers spip, des formations à l’écrit journalistique ou des rencontres des journaux de quartier avec le souci de l’expression des personnes plus éloignées du multimédia.

2 Le projet de Place Publique Locale

L’association Place Publique, représentée par Anne Dhoquois, rédactrice en chef du site, propose aux collectivités locales son expertise pour mettre en oeuvre une dynamique citoyenne à travers la création d’un portail Internet local, la Place Publique Locale. La démarche d’écrit ublic a été retenue dans le cadre de l’appel à projet de juillet 2003 du ministère de la recherche. Une des actions proposées en collaboration avec Place Publique, la Ville de Vandeuvre et le groupement de recherche sur les usages M@RSOUIN était de créer cette Place Publique.

La Ville souhaitant favoriser l’expression citoyenne et la coopération entre acteurs locaux a proposé de mettre en oeuvre sur la ville de Brest un site Place Publique Locale brestois.

Les intentions :

« Un site Internet, au service d’une communauté, d’un pays ou d’un territoire, est un vecteur de développement local. Internet au service de la communauté permet de renforcer les liens entre les habitants et de mettre en valeur la richesse locale. »

Ce site apporte :

  • de l’information (un journal en ligne comprenant des portraits, des brèves, des reportages, mise à jour par les acteurs locaux et notamment les habitants, etc.) ;
  • un descriptif des initiatives citoyennes locales proposé en auto-publication puis validé par un comité éditorial composé des différents acteurs de la ville (représentants de citoyens, agents municipaux, membres d’associations, animateurs, etc.) ;
  • une boîte à outils « vie pratique locale » comprenant des informations sur la création d’associations, les partenaires financiers et institutionnels, les communiqués de presse des associations locales, etc.

Place publique proposait une méthodologie pour la mise en place d’un tel projet :

  • la conduite du projet par un acteur extérieur à la collectivité. Ce regard extérieur que Place Publique propose d’apporter est capital dans la mise en place et l’appropriation par les citoyens d’un nouvel outil de communication. La reconnaissance de l’action de Place Publique, et son engagement dans la société civile, devient un gage de visibilité et de qualité,
  • la création d’un site "Place Publique locale" sous SPIP, logiciel libre d’édition coopérative très facile d’accès et permettant de développer une cohérence dans la démarche tant sur la technique que sur les contenus,
  • l’application d’une méthodologie de co-production de l’information. C’est à travers l’appropriation de l’information par les citoyens que le projet de Place Publique locale prend tout son sens. La co-production de l’information s’accompagne donc d’un repérage rigoureux des intervenants, de la mise en place d’un comité éditorial composé des différents acteurs de la ville ou encore de l’élaboration d’un processus de validation du contenu,
  • la mise en place de modules de formation. C’est dans un souci de formation constante aux techniques du journalisme, que les porteurs locaux du projet pouvaient s’approprier l’écrit et devenir le relais des initiatives locales auprès du plus grand nombre de citoyens,
  • la mise en place d’une charte de respect et d’engagement sur un certain nombre de principes déontologiques pour favoriser la création d’un "label" de qualité,
  • la mise en place d’un réseau national ou régional des bonnes pratiques. L’application d’une méthodologie commune à plusieurs villes et la création de sites " similaires " favorisant ainsi l’instauration d’un réseau des Places publiques locales,
  • la mise en place d’un accompagnement personnalisé. L’objectif à terme était que chaque Place publique locale serait autonome, l’équipe de Place publique assumant sa mise en place et l’accompagnement nécessaire, variable selon les communes.

La mise en œuvre du projet

L’organisation d’une première réunion en février 2004 réunissant le partenaire Place publique, l’élu en charge de la citoyenneté et des nouvelles technologies, le responsable du service Démocratie Locale et citoyenneté, la chargée de projets concernant l’expression des habitants a permis de :

  • présenter le projet Place Publique Locale ;
  • relater leur expérience sur la ville de Vandœuvre ;
  • lister les différents partenaires qui pourraient intervenir dans le comité éditorial ;
  • lister les différents réseaux qui pourraient être inviter à la première conférence de rédaction ouverte ;
  • aborder la refonte du site pour Brest ;
  • aborder le budget du projet ;
  • élaborer un échéancier à court terme afin de sortir le premier numéro du magazine pour l’été.

Définition d’un plan d’action

La conduite du projet est assurée par :

  • Anne Dhoquois, rédactrice en chef de place Publique, pour l’animation du comité éditoriale et de la conférence de rédaction,
  • Florence Morvan, pour l’animation du réseau local,
  • le comité éditorial pour lequel ont été sollicités le collectif des journaux de quartier, le Conseil Local de la jeunesse, Ligue de l’enseignement (FOL), Maison Pour Tous.

(voir le schéma sur l’article

Mise en place d’un comité éditorial

Le comité éditorial était composé d’acteurs locaux représentatifs de différentes actions, de quartiers divers, de structures existantes... :

  • un membre de la FOL,
  • un membre du conseil local de la jeunesse,
  • un membre de l’équipe des webtrotteurs des lycées,
  • Jean-Paul Cosme, médiateur du livre à la MPT du Valy Hir, qui mène des ateliers d’écriture avec les habitants au pied des tours des HLM.

Le comité gérait le contenu du site Internet en construction, Place publique locale Brest, média d’expression citoyenne sur la vie locale. A terme, le comité devait évoluer en direction, par exemple, de l’office des sports, de participants à un conseil de quartier... La responsabilité éditoriale, étant, dans la cadre d’un initiative portée par la ville assurée par l’élu en charge du dossier, Michel Briand, Adjoint au Maire de la Ville de Brest.

Le comité éditorial était en charge de valider les articles proposés pour enrichir ce site sur la vie locale brestoise. Il validait en fonction de différents critères : la charte des places publiques locales (texte pouvant être remanié selon les souhaits du comité éditorial), la territorialité, la ligne éditoriale, la déontologie, etc.

Organisation de conférences de rédaction ouvertes

Régulièrement, des conférences de rédaction ont été organisées réunissant le comité éditorial et des rédacteurs volontaires (personnes ayant bénéficié des formations Ecrit public, membres des journaux de quartiers, réseaux des uns et des autres, etc.)

Ces conférences de rédaction permettaient aux uns et aux autres de proposer des sujets ; ces derniers étaient discutés, affinés et une date de bouclage était alors proposée. Le comité éditorial intervenait en aval sur les articles proposés.

Les rédacteurs qui le souhaitaient pouvaient avoir un compte de rédacteur et un mot de passe sur le site leur permettant de proposer à la publication directement leur papier. Ceux qui n’étaient pas encore habitués à l’outil pouvaient envoyer leur article par mél au service Démocratie Locale et Citoyenneté de la ville.

Formation aux outils de co-publication et à l’écriture journalistique.

L’outil utilisé pour le site était l’outil de co-publication spip. Les personnes non usagers de cet outil étaient invitées à participer aux formations proposées chaque mois par le service Démocratie Locale et Citoyenneté et Infini. Par ailleurs, la ville organisait tous les mois des formations à l’écriture journalistique (comment rédiger une brève, un article, un portrait,...) Ces formations étaient ouvertes à l’ensemble des acteurs locaux.

Quelques éléments de bilan

Quatre numéros sont parus durant un an. L’implication de salariés de la ville, de la Fédération des oeuvres laïques indispensables au démarrage n’a pas été suffisant pour créer un courant d’intérêt de la part de bénévoles prêts à s’impliquer dans ce projet.

Le comité éditorial n’a pas su agréger des personnes issues des instances sollicitées ; journaux de quartier, conseils de quartiers, conseil de la jeunesse, associations. L’implication d’une rédactrice du journal de Bellevue a constitué une exception et non le modèle attendu interrompu pour ce qui la concerne pour des raisons personnelles.

Le projet s’est arrêté en septembre 2005 suite à une réunion du comité de rédaction devant la difficulté de trouver de nouveaux rédacteurs. Il est possible aussi que plutôt qu’un élément déclencheur, la multiplication des initiatives autour de l’expression sur Internet à Brest (n’est été une difficulté pour la création d’un lieu supplémentaire qui se voulait fédérateur (web TV, Web radios, webreporters, sites de co-publication, wikis, Blog, agenda d’INFINI, Télévision générale Brestoise, Couleur quartier, Site de la MPT du Valy Hir, Parlons-en)...

La charte de Place Publique qui demande d’écrire sur les autres plutôt que sa structure, son projet (désir d’empêcher l’auto-promotion) est aussi une contrainte pour les rédacteurs.

3. Points de vue sur le projet Expert.

Le point de vue de Pierre-Yves Brouxel, agent de développement dans une mairie de quartier.

« J’ai été associé au projet Place Publique Brest comme lien entre la Ville et les Conseils Consultatifs de quartiers mis en place à l’été 2003.

La volonté de la Ville sur ce chapitre a été à la fois de faire participer les habitants à la vie des quartiers par l’intermédiaire des Conseils et de rendre compte de leur activité en publiant sur le site : http://www.participation-brest.net, les comptes rendus de leurs travaux. Ce mode de rendu, souvent rédigé de manière administrative, n’offrait pas complètement la possibilité aux conseillers de quartier de faire part de leurs expériences, de leurs projets, de leurs envies.

Le projet place publique dans sa dimension magazine pouvait être un complément intéressant comme lieu d’expression élargie à d’autres acteurs, à d’autres contextes, à d’autres projets.

Ma participation devait être transitoire. Je commençais à faire le lien pour laisser dès que possible ma place à un ou à des membres de conseils de quartier. Des formations à l’écrit leur étaient proposées ainsi que des modules de découverte d’expériences ou de réflexions sur la place de l’outil internet dans la participation des habitants. Cette envie de faire place à des habitants dans le comité de rédaction de Place Publique Brest ne s’est pas concrétisé durant la période de fonctionnement du magazine.

De même que pour le site « participation » ou pour « La lettre des conseillers », ma première difficulté a été d’amener des personnes à écrire. Il n’y a guère de spontanéité en la matière (à de rares exceptions près) et il est souvent nécessaire de solliciter des personnes sans pour autant les amener à écrire à coup sure. Il y a eu quelques contributions mais finalement peu au regard du nombre de personnes investis dans les Conseils de quartier. L’écriture n’est pas chose aisée, les personnes sollicitées ne pensent pas qu’elles ont des choses intéressantes à échanger ou qui peuvent intéresser quelqu’un ici ou ailleurs.

La seconde difficulté semble résider également dans l’outil en lui-même. L’utilisation d’Internet comme support d’un magazine mais aussi comme vecteur d’informations locales ne semble pas encore emporter l’adhésion de beaucoup de conseillers. Alors que le nombre est grandissant de personnes utilisant le courriel pour leur communication avec la mairie, peu d’entres eux se sont inscrits à la news letters du site « participation ».

Au-delà de ces difficultés, qui ne sont pas propres à l’expérience « Place Publique Brest », l’intérêt à mes yeux du travail mené a été l’ouverture et le lien avec d’autres acteurs de la ville : web trotteurs, journaux de quartier, habitants, ... Je pense notamment à la concrétisation d’une idée émise lors d’un comité de rédaction de faire travailler plusieurs quartiers sur une même action « Téléthon ». Je pense également au travail des web reporters sur les « Renc’art » ...

J’ai également trouvé intéressant l’idée de liens avec d’autres « Places Publiques locales »

Mais, j’ai ressenti cette stimulation au sein de l’équipe, je ne suis pas sure qu’elle ait véritablement débordé au-delà.

Le point de vue de Hervé Lestideau, de la Ligue de l’enseignement/FOL 29, sur l’expérience Place Publique Locale.

« Le projet de Place Publique locale à Brest était une action intéressante, dont le seul défaut notable est qu’elle n’a pas fonctionné. Le nombre des articles publiés sur toute la durée du projet, si l’on enlève les contributions des professionnels et les republications, ne suffirait pas à remplir un numéro d’un journal de quartier.

Pourtant les moyens ne manquaient pas, ni en terme de formation, ni en terme d’accompagnement. Le mode d’organisation était intéressant, le fonctionnement du comité éditorial aurait pu être passionnant, s’il y a avait eu quelque chose à éditer.

Une telle organisation au service d’un projet d’expression d’habitants aurait sans doute pu devenir quelque chose de formidable.

L’accompagnement du comité éditorial par une journaliste professionnelle habituée à la formation pouvait être extrêmement intéressant pour beaucoup d’équipes rédactionnelles. Mais ici le projet n’existait pas :

  • personne n’avait envie d’écrire sur ce site. (Si, pour être honnête, il y a bien eu une personne.)
  • certains ont consenti à écrire un article, quelques-uns l’ont même fait, mais personne ne s’est approprié ce site qui est resté au mieux celui "de la Mairie", au pire celui "de Place Publique", en tout cas pas celui des brestois.
  • brestois qui, pour beaucoup, avaient déjà assez de mal à trouver l’énergie pour alimenter leurs propres publications.

La charte graphique, pour finir, n’a sans doute pas contribué à susciter des vocations de rédacteurs ou de lecteurs. »

Le point de vue de Frédéric Bergot, responsable du service Démocratie Locale et Citoyenneté de la Ville de Brest, sur le projet Expert.

« Comme présentée dans le rapport, la Ville de Brest a engagé une démarche d’accompagnement à l’expression des habitants par l’écriture dès 2002.

Dans le cadre du projet, notre rôle à la ville était d’accompagner le projet, de faciliter les échanges, de mettre en réseau l’équipe de recherche de Marsouin et les acteurs sur le terrain.

De ce projet nous avons pu tiré nombre d’enseignements.

Grâce à l’action municipale forte d’accompagnement à l’écriture, nous avons généré une dynamique sur la ville autour de l’expression des habitants. Ainsi, les sites Internet de co-publications et les projets autour de l’expression publique se sont multipliés. Cependant, le fait d’avoir une observation extérieure nous a permis de prendre du recul et conscience des limites de notre démarche autour de l’écrit public. Le fait de passer à l’écriture en ligne reste encore un acte difficile pour bon nombre de personnes. Les projets sont souvent portés par un ou deux individus dans les associations, projets qui peuvent s’éteindre après le départ de ces personnes moteurs.

Le travail d’étude sur les blogs en Bretagne, nous a incité à prendre en compte ce phénomène d’actualité pour lequel à la Ville nous étions encore assez éloignés. Ainsi lors de la rencontre « écrits-écrans publics », nous avons souhaité organisé des échanges autour de ce concept. La Ville envisage de pouvoir accompagner cette forme d ’écriture en proposant prochainement un service de plate-forme de blogs en lien avec l’association Infini afin de ne pas laisser ce champ de d’activité uniquement aux opérateurs privés.

La mise en oeuvre de Place Publique Locale à Brest fût également une expérience enrichissante, humainement et professionnellement parlant, qui a permis à quelques habitants ou professionnels d’écrire des articles de grande qualité. Cependant, le projet n’a pas suscité une grande implication des habitants malgré les tentatives de mobilisation. Sans doute parce que la ville propose déjà un nombre important de moyens d’expression, sans doute aussi parce que la charte éditoriale du site est assez stricte (pas d’auto-promotion) le site Place Publique Locale n’a pas connu un grand engouement malgré la qualité des personnes qui accompagnaient le projet au sein du comité de rédaction.

Enfin, le fait de pouvoir travailler ensemble entre professionnels d’origines diverses, professionnels de collectivités, d’associations, chercheurs, journalistes est toujours très riche d’enseignements. Les échanges d’expériences, de points de vue ont été nombreux tout au long du projet, ensiegnements qui nous ont permis à la Ville de faire évoluer notre action politique. »

Le point de vue de Michel Briand, élu en charge de la citoyenneté, la démocratie locale et les nouvelles technologies.

« Le projet Expert a permis à la ville de Brest de renforcer l’action de diffusion de l’écrit public, et les dizaines de sites de publication et de co-publication hébergés par l’association Infini (on connaît moins bien les autres) sont déjà un beau résultat, tout comme le fonctionnement de quelques magazines qui ont su agréger plusieurs dizaines de rédacteurs et une audience élargie au delà de Brest.

L’initiative d’une place publique brestoise a été arrêtée au bout de 18 mois, mais la compréhension des difficultés rencontrées nous fait également avancer.

C’est sur ce point aussi que le projet Expert aura été un enrichissement. Le dialogue engagé avec Olivier Trédan ( M@rsouin ) nous a aidé à avancer sur les questions difficiles de l’expression publique.

Nous avions initialement conçu la démarche « écrit public » comme un prolongement de l’action sur l’accès public. Mais la diffusion a été différente : dans les services publics, permettre à chacun-e d’écrire sur le Web est une façon de fonctionner éloignée des pratiques ordinaires fortement marquées par un fonctionnement hiérarchique et un cloisonnement de l’information. Très peu de villes se sont impliquées dans un mouvement analogue à l’écrit accompagné alors que l’accès public est devenu un champ d’intervention répandu en France.

Nombre d’associations ont utilisé les outils proposés dans cette démarche mais il faut assumer la modestie d’une politique publique locale quand on voit l’essor spontané des carnets semi-publics semi-privés que sont les blogs de jeunes.

Je serai plus nuancé qu’Olivier Tredan sur le caractère « contraignant » de l’écrit journalistique ou du moins je reste persuadé, peut-être par attente personnelle aussi, qu’il correspond à un besoin d’une partie des acteurs, même si d’autres formes d’expression sont à développer également. Cet élargissement a été intégré dans la politique publique avec la mise en place depuis deux ans de formations à la vidéo légère pour les animateurs de quartier ou des cybercommunes, le développement d’une plate-forme de publication vidéo et la création d’un groupe sur les radios numériques, (la mise en place d’un serveur de blogs a aussi été proposé à l’’association Infini).

Plusieurs textes ont été écrits pour rendre compte de cette démarche d’écrit public dans la ville dont celui publié par « Enjeux de mots » 1 en quatre langues lors du Sommet Mondial de la Société de l’information..

Comme l’accès public a eu l’effet second de diffuser l’ouverture aux outils d’internet dans les services publics locaux, la démarche écrit-public a contribué à élargir le réseau des personnes concernées par l’expression publique, au sein des réseaux associatifs et de service public.

Le succès des rencontres autour de l’écrit public nous conforte dans l’intérêt de prendre en compte une large gamme de mode d’expressions tant sur les formes (carnets, blogs, haiku cartoons..) que dans les médias utilisés (vidéo, audio, journaux, Web ..).

Et au terme de ce travail sur l’écrit public nous ressentons le besoin de prolonger la réflexion sur les conditions de l’expression publique dans la cité. Les nouvelles initiatives de co-production d’’une encyclopédie-atlas carnet « wiki-brest » au pays de Brest, de travail sur les mémoires offrent de nouveau champ d’études à parcourir. »

Rédaction : Hakima Moussaid, Florence Morvan, Michel Briand, Frédéric Bergot

[2Voir la rubrique présentant ces appels à projets et les projets soutenus chaque année dans la rubrique du magazine a-brest.

[3Voir à ce sujet la ronde des sites coopératifs qui recense quelques dizaines de sites ouverts à une forme de participation.

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Posté le 12 février 2006 par Michel Briand

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