Auteur de l’article : Philippe Cazeneuve.
L’objectif de cet atelier
Echanger et co-construire autour de l’idée de co-production de reportages (photo, audio et vidéo) sur des projets conduits dans les lieux d’accès publics (Europe, Amérique latine, Afrique).
Animation : Philippe Cazeneuve (CRéATIF)
Autres intervenants (à préciser)
D’où vient ce projet ?
A l’occasion d’un voyage d’étude au Pérou en janvier dernier dans le cadre du projet I-Jumelages, j’ai eu l’occasion de rencontrer divers responsables et animateurs de dispositifs d’accès publics (qu’on appelle là-bas « telecentros ») et nous avons pu faire ensemble les constats suivants.
Le faible taux d’équipement à domicile des pays du Tiers-monde implique que dans un pays comme le Pérou, 90 % des usages d’internet se font depuis un lieu d’accès mutualisé, contre moins de 10 % en France. Malgré cela, et malgré les différences d’appellation - télécentres, points d’accès publics à internet, espace multimédia, espaces publics numériques, cybercentres, ... - nous partageons des valeurs et des pratiques communes qui permettent de penser que nous exerçons un « coeur de métier » commun.
Voici quelques similitudes :
- Grande diversité des dispositifs, labels et programmes qui s’enchevètrent. Pas d’homogénéïté nationale mais des situations régionales ou locales disparates.
- Des tentatives de structuration des réseaux locaux ou régionaux qui émergent ici et là.
- Un turn-over des personnels (« administrateurs », « opérateurs », « animateurs ») qui sont souvents des jeunes qui acquièrent là leur première expérience professionnelle avant d’évoluer vers d’autres fonctions.
- Les qualités et les compétences privilégiées relèvent davantage du domaine de la médiation humaine et sociale que de la technologie.
- La forte présence de lieux d’accès privés à but lucratif (cybercafés, salles de jeux en réseau, « télécabines » internet, téléboutiques, ...) n’est pas contradictoire avec la présence d’un télécentre à vocation de service public.
- Les usages pratiqués dans les lieux marchands et les publics qui les fréquentent diffèrent sensiblement des lieux d’accès publics. Ceux-ci gardent une utilité sociale forte et une identité particulière avec notamment :
— Une offre d’accompagnement individualisé pour les débutant et des modules ou ateliers d’initiation, voire de formation.
— Une offre de services à des coûts adaptés (gratuité si besoin) orientée vers des publics prioritaires définis dans le cadre d’un projet local : agriculteurs/artisans, femmes, seniors, membres de communautés isolées (zones rurales ou quartiers pauvres des grandes métropoles).
— Une approche éducative : éducation aux nouveaux médias que proposent les TIC, exercice du regard critique et de la capacité à choisir de façon responsable (protection des minbeurs, contenus ouverts et droits d’auteur, logiciels libres/propriétaires, ....)
— Une approche citoyenne : développement de la participation des habitants aux projets de leur environnement, expression citoyenne, mémoire collective, via les TIC (blogs, webradios, videoblogs, portails locaux d’infos et de services, ...)
Les lieux d’accès publics à internet et au multimédia ont quelques besoins communs dans la plupart des pays
- Affirmer une identité et une utilité : besoin de reconnaissance des actions de la part des politiques.
- Former et qualifier les professionnels : besoins d’outils et ressources pédagogiques utilisables à distance, besoin de savoir ce qui se fait ailleurs, besoin d’échanges avec des alter-ego.
- Structurer et animer des réseaux et des réseaux de réseaux : besoin de faire partie d’une communauté.
Des mutualisations sont-elles possibles à l’échelle internationale ?
C’est le pari un peu fou que nous lançons ici en reprenant une idée qui nous tient à coeur depuis longtemps, celle de réaliser des « Etats généraux » de l’accès public, qui donnerait à voir le travail fait ici et là par les acteurs de terrain.
Un tour du monde en ligne des lieux d’accès publics ? Une sorte « ’’Telecenter Earth’’ » ?
Au jour d’aujourd’hui, le projet se résume à quelques propositions, imaginées de façon partagée avec nos contacts latino-américains :
- Produire des documents vidéos ou audios : interviews de responsables de lieux ou de projets,
reportages sur des lieux et sur les activités/projets mis en oeuvre, interviews d’usagers ...
- Produire et recueillir des fiches-projet, fiches d’animation, ressources, ...
- Traduire et adapter en plusieurs langues (français, espagnol, anglais)
- Utiliser des formats ouverts et livrer les sources pour que d’autres traductions soient possibles ultérieurement, par les utilisateurs eux-même.
- Diffuser ces productions via un site portail en ligne. Ce site serait organisé de façon à permettre des consultations et des recherches géographiques et thématiques.