Le Service Démocratie Locale et Citoyenneté de la Mairie de Brest, en partenariat avec l’ENST Bretagne et le laboratoire du Cread de l’université Rennes 2, a voulu réaliser un bilan de l’Appel à projets multimédia et Internet reconduit depuis 7 ans. De janvier à juin 2007, Céline Pottier, étudiante en Master 2 Technologies de l’Education et de la Formation à l’université Rennes 2 était chargée de cette mission.
Le contexte de l’étude
► Depuis l’année 2000, la Ville de Brest relance chaque année un appel à projet en faveur de l’ "Appropriation sociale des usages du multimédia et d’Internet". Le service Démocratie Locale, Citoyenneté et Nouvelles Technologies, qui est en charge de cette politique locale, souhaite notamment favoriser l’équité d’accès et l’appropriation sociale des outils et des usages ainsi que la mise en réseau des acteurs locaux et la citoyenneté active.
► Au terme de sept années d’action, 86 structures, associations ou collectifs ont été soutenus et accompagnés dans la mise en place des 170 projets retenus par les Appels à projets.
Cadre théorique
► Pour interroger les notions d’appropriation et d’usage qui sont au cœur des Appels à projets, une recherche empirique des travaux réalisés autour de ces domaines devait permettre d’en donner une définition pour construire la méthodologie et dégager la problématique de l’étude. Cette dernière a émergé au fur et à mesure, en croisant apports théoriques et observations de terrain : En quoi le dispositif des Appels à projets participe-t-il à la structuration des mécanismes locaux de l’appropriation sociale des TIC ?
► Issue du croisement et de l’interprétation de diverses lectures, la définition de l’appropriation se résume ainsi : La volonté d’adapter la technologie à son activité propre. L’outil est familiarisé. Les usages sont personnalisés dans une dialectique de créativité et de novation, comme réponse à un projet donné.
Méthodologie d’enquête
Etape 1 – Documentation, recherche d’informations concernant le terrain, l’objet d’étude et les acteurs.
Etape 2 – Prise de contact et planification des rendez-vous pour les entretiens (13 structures concernées).
Etape 3 – Préparation des entretiens, relecture des dossiers et visite des sites Internet.
Etape 4 – Conduite des entretiens exploratoires.
Etape 5 – Construction du cadre théorique en vue d’une grille d’analyse des entretiens.
Etape 6 – Analyse des entretiens, hypothèses et premières tendances.
Etape 7 – Elaboration d’un questionnaire à l’attention de l’ensemble des porteurs de projets.
Etape 8 – Diffusion du questionnaire (téléphone, mail, rencontres en face-à-face), identification des projets non-aboutis.
Etape 9 – Analyse du questionnaire (52 réponses).
Etape 10 – Croisement des données et bilan.
Résultats
► Par le biais du questionnaire, identification de 12 projets qui n’ont pas fonctionné et sont aujourd’hui arrêtés ou suspendus.
Difficultés techniques qui n’ont pas pu être surmontées,
Le projet n’a pas été pensé ni construit en fonction de besoins identifiés ou d’attentes que des personnes auraient pu formuler ;
Le projet était porté par une personne, sans d’autre relais dans la structure (départ du porteur de projet) ;
Facteurs externes tels que l’instabilité du public, le vol du matériel attribué…
► Pour parler d’appropriation technique en tant que processus facteur d’innovation, trois structures se démarquent. Le porteur de projet des trotterioù des lycées brestois a lancé le projet "médiablog coopératif". L’association Défi-visu fait tout un travail sur l’accessibilité de l’informatique et d’Internet pour les personnes mal voyantes. Et l’association Infini qui, en partenariat avec Défi-visu, travaille pour améliorer les codes sources de ses pages web.
► Mais les avantages ou les résultats que l’on pourrait qualifier plutôt "sociaux" sont nombreux. On observe ainsi des apprenants qui deviennent formateurs (ORB, Cotontige) ; des jeunes qui poursuivent et s’impliquent dans la vie publique et associative (Cotontige, Trotterioù) ; des personnes qui développent de nouvelles compétences et les réinvestissent dans d’autres situations, des projets personnels (FOL 29) ; des jeunes, en situation scolaire très difficile qui trouvent une voie professionnelle (Dispositif Relais)…
► Importance du dispositif mis en place par le service Démocratie Locale et Citoyenneté : un accompagnement des projets tout au long de l’année ; des services proches des besoins des acteurs locaux ; le développement de projets innovants à disposition des acteurs ; l’organisation de manifestations publiques ; des formations organisées tout au long de l’année.
Conclusion
Les objectifs portés par les Appels à projets sont majoritairement atteints. Le réseau se développe, et à l’intérieur duquel échanges et interactions stimulent les idées et la créativité. De nombreux projets sont orientés vers des populations en difficulté, ce qui répond à la définition de l’appropriation sociale selon la Ville de Brest. Les pratiques de mutualisation et de coopération fleurissent. L’outil SPIP est de ce point de vue le logiciel de publication le plus connu et le plus utilisé sur le territoire de Brest. Le lien social est présent, à travers le réseau et le dispositif coordonné par la ville, mais également dans les objectifs avancés par les acteurs locaux, avec des projets qui mettent en interaction et qui font se rencontrer.
Le travail du Service Démocratie Locale est reconnu par les porteurs de projets. Reconnaissants, ils se sentent soutenus, accompagnés, ils ne sont pas tout seuls. La connaissance d’autres projets permet d’oser et d’aller de l’avant. Néanmoins, il est apparu que le travail d’accompagnement des acteurs par le Service Démocratie Locale devrait être plus personnalisé. Certains porteurs de projets, moins familiers des outils, ont besoin de plus de temps, de plus de sollicitation, d’être guidés et accompagnés dans leur projet et leur pratique.
Le soutien matériel et financier suffit peut-être au lancement de projets, mais seule l’articulation de tous les services, les rencontres et les projets coordonnés par le Service Démocratie Locale favorise la pérennité des projets locaux, et ainsi, la réussite de la politique des Appels à projets.
Cette synthèse est proposée par Céline Pottier.
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