Cultures numériques : Pourquoi se mobiliser aujourd’hui ?

reprise de l’éditorial d’Emmanuel Vergès dans la lettre de la Fiche de Belle de mai (Marseille)

Pourquoi se mobiliser aujourd’hui, 29 février 2008 ?

  • Parce que nous sommes contre le désengagement de l’Etat dans la culture. « L’Etat a décidé de réduire le budget qu’il consacre à la culture. En se désengageant, il démantèle le maillage artistique et culturel français, renforce les inégalités territoriales, lamine l’action de proximité et confine les populations à l’offre unique et globale des industries du divertissement ».

Nous partageons et sommes partie prenante de cet appel lancé par l’UFISC (voir le site www.ufisc.org).

  • Parce que nous ne pensons pas que l’objet de cette réduction arbitraire et non concertée de crédits pour l’action culturelle n’est pas que financière. Elle est liée à une idéologie qui pense que l’indépendance ou la liberté d’action ne peut être développée que dans le cadre d’une logique de marché. C’est à dire une mise en concurrence des propositions et une sélection par l’opinion. Que la concurrence doive exister c’est une chose, mais force est de constater que la concurrence ne laisse pas de place à la concertation, à la construction collective, à l’appropriation, à l’évolution. Comment imaginer faire vivre des cultures et des arts dans un système concurrentiel ?
  • Parce que nous pensons qu’il faut faire évoluer les politiques culturelles et artistiques, parce c’est bien de cela dont il est question, avec l’ensemble des personnes concernées : les publics, nous, les gens, vous, les élus, les institutions, eux, les artistes, toi, les associations, ils … Si les arts et la culture ont toujours eu une place fondamentale sur les territoires, c’est bien dans l’articulation entre les différentes échelles dans lesquelles nous vivons tous aujourd’hui, du local au global, du micro au macro, qu’il faut agir. C’est bien cette articulation qu’il faut préserver, enrichir. Un des « acteurs » ne peut pas unilatéralement se déclarer in-comptétent. Et ce n’est pas qu’une histoire de Bobo. C’est notre histoire.
  • Parce que nous avons besoin de tout le monde pour continuer à diffuser, approprier, démocratiser, éduquer, cultiver, créer …
  • qui va nous préparer à la société de la connaissance (Sommet européen de Lisbonne en 2005) ? Est ce un logique liée aux outils : développement des équipements, réseaux haut-débit, cartables à moins d’1 kg ? Qui peut mieux que les acteurs des cultures et des arts numériques, implantés sur les territoires, participer à construire les savoirs numériques, et les diffuser. Nous ne pouvons pas laisser subsister des "zones blanches" culturelles numériques.
  • qui va encadrer les/nos enfants dans leurs pratiques débridées, inouïes, innovantes, expérimentales du réseau ? Encadrer et non pas réprimer. Nos enfants, ces natifs digitales, ne peuvent pas être « coupable » de ce que l’on participe tous a mettre en place ! Qui va leur faire découvrir le réseau dans sa « richesse » et dans sa « pauvreté » ? Nous avons à cultiver ensemble ces savoirs.
  • qui va créer aujourd’hui et demain ? Les arts, le patrimoine, existent parce qu’un jour ils ont été à l’avant-garde de leur temps. Les formes balbutiantes et aguerries des arts numériques, du web et du net art sont aujourd’hui autant de pistes de création, de propositions singulières d’auteurs qui tentent de construirent des espaces sensibles, de confrontation dans un monde en mouvement. On ne peut pas sacrifier cela sur « l’autel » de la rentabilité. Laissez nous produire l’avant garde numérique !

Mobilisons nous, ensemble.

Emmanuel Vergès et l’équipe de ZINC/ECM

Posté le 3 mars 2008

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