Repris de l’article publié par Homonuméricus
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Ainsi par exemple, le Pew Internet & American life Project a récemment fait tomber le mythe tenace du jeu vidéo comme destructeur de relations sociales. L’étude qu’il publie montre au contraire que la pratique des jeux en ligne peut aider les adolescents à développer une certaine sociabilité et même un engagement civique.
- Lire sur Pew Internet & American life Project : Teens, Video Games and Civics : Teens’ gaming experiences are diverse and include significant social interaction and civic engagement - Joseph Kahne Ellen Middaugh Alexandra Rankin Macgill Chris Evans Jessica Vitak - 16/09/08
Plus largement, l’avènement du web 2.0 peut être interprété comme la révélation du caractère social des technologies web. C’est ce que montre par exemple Danah Boyd dans une de ces dernières communications :
- Voir la vidéo sur Microsoft research : Understanding Socio-Technical Phenomena in a Web2.0 Era - Danah Boyd - 22/09/08 : « Web2.0 signals an iteration in Internet culture, shaped by changes in technology, entrepreneurism, and social practices. Beneath the buzzwords that flutter around Web2.0, people are experiencing a radical reworking of social media. Networked public spaces that once catered to communities of interest are now being leveraged by people of all ages to connect with people they already know. Social network sites like MySpace and Facebook enable people to map out their social networks in order to create public spaces for interaction. People can use social media to vocalize their thoughts, although having a blog or video feed doesn’t guarantee having an audience. Tagging platforms allow people to find, organize and share content in entirely new ways. Mass collaborative projects like Wikipedia allow people to collectively create valuable cultural artifacts. These are but a few examples of Web2.0. Getting to the core of technologically-mediated phenomena requires understanding the interplay between everyday practices, social structures, culture, and technology. In this talk, I will map out some of what’s currently taking place, offer a framework for understanding these phenomena, and discuss strategies for researching emergent practices. »
Si l’on s’intéresse aux différents secteurs ou métiers dont l’organisation est perturbée par le développement des technologies web, on trouve toujours au coeur de ces bouleversement une dimension éminemment sociale. L’exemple de la presse est frappant. Le consultant Fred Cavazza y détecte un phénomène de fuite en avant vers du « tout social » :
- Lire : L’avenir de la presse en ligne est-il dans le social ? - Fred Cavazza - 25/09/08 : « Social Network, Social Games, Social Software, Social Computing… j’ai comme l’impression que “social” est devenu le nouveau buzzword à la mode ! Plus sérieusement, les médias sociaux ont modifiés profondément et durablement le paysage de l’internet, et il n’y aura pas de retour en arrière. J’irais même plus loin en écrivant que nous assistons plutôt à une fuite en avant vers du “tout social”. »
Une récente étude montre même que le savoir-faire dans l’organisation de groupes sociaux cohérents et producteurs d’une information de qualité constitue certainement la base sur laquelle ce secteur sera capable de trouver sa rentabilité future. C’est tout ce que montre l’exemple de Cityvox, étudié par Felix Weygand :
- Lire sur Archivesic : Comment se développe les nouveaux médias de l’Internet. Une étude de cas : Cityvox. - Felix Weygand - 24/09/08 : « Cityvox , société éditrice de sites Internet pour le grand-public, de services et de contenus en ligne, résume le phénomène d’apparition des nouveaux médias de l’Internet en France : start-up créée dans l’effervescence du gonflement de la bulle en 1999, elle survit à la crise du secteur, réussit à adapter son modèle d’affaires au nouveau contexte et est reprise en 2008 par Orange, principal acteur national du secteur des technologies de l’information et de la communication. Décrire l’histoire de cette entreprise permet de comprendre comment et pourquoi des modèles d’affaires robustes, rentables et pérennes s’inventent depuis quelques années dans ce secteur, marqué par l’explosion des usages et l’effervescence technologique. Cela permet ensuite d’analyser, sur un exemple de taille modeste mais significatif économiquement, les processus qui attaquent et déséquilibrent le secteur traditionnel des médias, le poussant à une mutation souvent vécue comme une crise. »
La semaine dernière, la conférence internationale sur l’innovation Picnic fut l’occasion pour un certain nombre d’orateurs de mettre en avant la dimension intrinsèquement sociale des technologies. Ainsi Jyri Engeström, l’inventeur d’un service de micro-blogging, propose de reconnaître dans la relation que chacun de nous établit avec des artefacts techniques, un désir d’établir en réalité des relations avec autrui :
- Lire sur Internet Actu : Comprendre le caractère social de nos objets - Hubert Guillaud - 29/09/08
Mais le plus étonnant reste à venir : il est un objet qui est encore très peu touché par les réseaux numériques, et dont les usages n’ont pas encore été véritablement bouleversés. Il s’agit du livre bien sûr. Selon Bob Stein, le directeur de l’Institute for the future of the book, la publication à l’ère des réseaux numériques a toutes les chances de révéler et libérer la dimension sociale de l’activité de lecture et écriture. La théorie qu’il propose redéfinit en ce sens les rôles respectifs de l’auteur et de l’éditeur qui ne sont plus des producteurs de contenus, mais des organisateurs de communautés dans ce nouveau contexte. Comment ? Tout simplement parce que par le moyen du lien et de l’interactivité, la publication n’apparaît plus comme un aboutissement, mais comme le début de nouvelles conversations engendrant indéfiniment de nouvelles publications dans un processus infini d’interactions sociales.
- Lire sur if:book :a unified field theory of publishing in the networked era - Bob Stein - 04/09/08 : « Reading and writing have always been social activities, but that fact tends to be obscured by the medium of print. We grew up with images of the solitary reader curled up in a chair or under a tree and the writer alone in his garret. The most important thing my colleagues and I have learned during our experiments with networked books over the past few years is that as discourse moves off the page onto the network, the social aspects are revealed in sometimes startling clarity. These exchanges move from background to foreground, a transition that has dramatic implications. »
Voilà des perspectives intéressantes : les débats et échanges autour des technologies numériques concerneront un nombre croissant de personnes, au delà des technologues passionnés par ces questions. Plus intéressant encore : lorsqu’on évoque le social, le politique n’est jamais loin. On peut faire le pari que l’on assistera dans les années à venir à une repolitisation des débats qui le sont actuellement assez peu. Les questions centrales ne porteront peut-être plus seulement sur l’efficacité de ces technologies sociales de management des communautés, mais sur la manière dont elles distribuent le pouvoir à l’intérieur de celles-ci.