Notre expérience de chercheurs en sciences de l’éducation, spécialisés dans les technologies de l’information et de la communication dans le champ de l’éducation et de la formation, nous a amenés à construire un certain nombre de postulats théoriques qui prédéterminent notre travail de recherche. En matière de technologie, c’est bien la manière dont les différents acteurs s’emparent des outils qui importe. En d’autres termes, nous ne croyons pas en un déterminisme technologique qui laisserait penser qu’il suffit d’introduire un dispositif technologique au sein d’un système pour résoudre un problème quelconque. Le second postulat pose que les Tice sont de véritables révélateurs de pratiques, dans le sens où leur arrivée dans un champ de pratique sinon modifie, du moins questionne les pratiques, surtout dans le domaine professionnel, et interpellent les identités professionnelles. Le troisième postulat est que les pratiques des acteurs, en particulier les pratiques médiatisées, ne sont que rarement objet de révolution rapide et soudaine mais nécessitent temps et appropriation. Enfin, l’importance du nombre d’acteurs impliqués ici, près de 3 000 lycéens, des centaines de personnels, ne permet pas de prétendre à une vision exhaustive de l’ensemble des pratiques.
Le recueil de données combine les outils classiques de la recherche en sciences humaines et sociales. Des observations dans les quatre établissements auprès des personnels et des élèves, ont été menées lors des réunions de présentation de l’opération, mais également en salle des professeurs ou dans les CDI. Des entretiens avec 23 adultes des lycées, enseignants ou non, et avec 53 élèves ont eu lieu. Enfin, des questionnaires ont été passés en ligne pour les élèves, sur papier pour les personnels. 169 adultes et 405 lycéens ont fournis des réponses exploitables.
Nous présentons de façon synthétique, ce qui nous est apparu comme éléments facilitateurs ou comme freins d’une part pour les personnels, d’autres part pour les jeunes.