Jean Macé au 21ème siècle serait-il attaqué par la SACEM et SCPP pour Mise à disposition d’œuvres en libre téléchargement ?

par Jéremie Nestel de Libre Accès, Benjamin Jean de Veni Vidi Libri, Julien Boucher de Macaq

Article écrit dans la lettre d’information de Libre Accès de décembre 2008.
Cette lettre est diffusée par InLibroVeritas, membre de Libre accès à tous les députés.

« A Beblenheim en 1860, Jean Macé fonde tout seul la bibliothèque de Beblenheim : « J’ai choisi dans ma bibliothèque dix volumes (...) J’ai porté mes dix volume chez le relieur et je lui ai dit d’inscrire a dos, en belles lettres d’or : « Bibliothèque Communale de Beblenheim ». Puis, je suis allé trouver le maire : « Voulez-vous, lu ai-je dit, que nous fondions une bibliothèque communale ? » Le maire n’a pas pu dire non, il a bien été forcé de consentir la bibliothèque était faite. »

Jean Macé n’en resta pas là. Pour ne pas grever le budget de la commune d’une dépense imprévue, on convint qu’on réclamerait seulement du Conseil les fonds nécessaires à l’acquisition du cachet de la bibliothèque (...) les membres de la commission se chargeant de pourvoir par eux-mêmes, avec l’aide de leurs concitoyens, à la réunion des premiers volumes.
Qu’adviendrait-il de Jean Macé aujourd’hui, s’il avait pris des oeuvres littéraires, audiovisuelles, musicales à sa disposition pour les rendre accessibles au plus grand nombre et être un des fondateur d’Internet ?

Les auteurs, ou plus certainement les sociétés privées qui gèrent leurs droits, se seraient farouchement opposés à ce qui aurait été perçu comme une « exploitation indue », un « pillage de leur propriété », un « piratage de leurs droits ».
Les majors, les éditeurs et probablement le gouvernement auraient accouru pour les soutenir et mettre en garde contre les effets pervers d’un tel comportement. Et même si Jean Macé était parvenu à les convaincre, ce seraient alors les artistes-interprètes, les producteurs de phonogrammes ou de vidéogrammes, les sociétés de gestion collective ou les ayant-droits de ces derniers, qui se seraient oppsés à cette accessibilité de la culture et de l’éducation en dehors de leur contrôle exclusif. Pour finir, si, s’affranchissant des centaines d’autorisations nécessaires et marchandées, Jean Macé avait préféré le partage des connaissances, du savoir et de la culture, alors ils l’auraient menacé, emprisonné, sanctionné, censuré ­ sans oublier, probablement, de déformer ses idées.

Le projet d’une bibliothèque mondiale accessible à chacun quelle que soit sa condition sociale, est de fait menacé. Jean Macé disait : « Le complément de l’école primaire, c’est la bibliothèque populaire. La première est la clef, mais l’autre est la maison. Avoir la clef sans la maison, on ne peut pas précisément appeler cela être logé ».

Voilà détruit l’aboutissement le plus important de l’éducation populaire, une médiathèque mondiale où l’on pourrait
librement télécharger des Grands Opéras, du Jazz, des reproductions numériques des plus belles oeuvres picturales , du fait du lobbying de « l’industrie du divertissement, ces moines copistes du DVD » incapables ou refusant de renouveler son modèle économique.

Pourtant, d’autres solutions pourraient exister, Jean Macé n’avait-il pas proposé de : « constituer une ressource permanente à la bibliothèque, en faisant contribuer directement ses lecteurs à son développement, il fut dit qu’une taxe de cinq centimes serait prélevée sur chaque volume mis en lecture ».

L’industrie du divertissement a-t-elle peur d’une diversité culturelle qui lui échapperait ?

Au nom des principes humanistes d’égalité à la culture et de fraternité, il ne peut y avoir de barrières à la libre circulation des oeuvres de l’esprit. Il devient alors nécessaire de soutenir et d’inventer une économie des oeuvres en
libre diffusion.

Posté le 6 décembre 2008 par Michel Briand

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