l’exemple de méthodologie de recensement et d’enquête en Bretagne

Lieux d’accès public à Internet (1) Rapide historique de l’accès public à Internet

Sandrine Le Squin, Jocelyne Trémenbert, OPSIS

D’un côté la dernière enquête M@rsouin de décembre 2009 auprès du grand public montre
que 57% des non internautes ne connaissent pas « d’endroits où ils pourraient se former à
l’informatique si ils le souhaitaient ». D’un autre des portails nationaux très complets comme
NetPublic et Cyber-Base fournissent de nombreuses informations sur les lieux d’accès public
à Internet. Des informations qu’il est très difficile de mettre à jour. Cet article expose la
méthodologie qui a été choisie en Bretagne pour recenser et interroger ce réseau des acteurs
de l’Internet Public.

Etant donné l’intérêt du travail d’enquête et de la méthodologie développée par Marsouin sur les lieux d’accès publics en Bretgane nous republions ici l’article entier en trois partie.

Voici pour commencer un rapide historique
et à suivre :

  • Le recensement des lieux d’accès public à Internet
  • Enquête auprès des animateurs des lieux d’accès publics
  • Mots clefs : accès public à Internet, recensement, enquête, méthodologie

La fin des années 90 marque le début d’une volonté politique des pouvoirs publics
d’accompagner les développements d’Internet en France. Mais la volonté de la part de l’Etat
de moderniser les services publics, de développer les usages dans différents secteurs,
notamment dans l’éducation ou l’administration, pose le problème de l’accès à ces nouvelles
technologies et des compétences requises pour les utiliser.
C’est donc dans une optique de sensibilisation du grand public aux technologies de
l’information et de la communication (TIC) que des « Espaces Publics Numériques » ont été
créés.

“Destiné à tous les publics, un espace public numérique propose à ses
usagers des activités variées et encadrées, par le biais d’ateliers collectifs, mais
également dans le cadre de médiations individuelles et de plages réservées à la libre
consultation” [1].

Un grand nombre d’initiatives ont donc vu le jour, que ça soit au niveau national,
régional, départemental ou local, afin de lutter en partie contre l’exclusion de certains publics
aux TIC et de les accompagner. Cependant, la multiplicité des appellations (et des
labellisations) de ces différentes structures, selon par exemple l’initiateur de l’espace public
numérique, rend difficile l’identification du réseau de points d’accès public à Internet.
Pour conduire sa politique en faveur du développement de l’accès public à Internet, la
Région Bretagne a besoin d’une image fiable de l’ensemble des lieux d’accès public à Internet
sur le territoire breton. En effet, cette qualification d’une partie des acteurs de l’Internet
Public représente déjà un véritable vecteur de développement territorial. Mieux connaître ce
réseau de points d’accès et d’espaces publics numériques permettra à la Région d’une part de
mieux communiquer auprès des responsables locaux et des animateurs (appels à projets,
ressources disponibles, nouveaux dispositifs…), et d’autre part de valoriser et promouvoir le
réseau auprès de l’ensemble des usagers. La Région Bretagne a donc confié au GIS
M@rsouin le soin de réaliser un recensement et une étude de ces points d’accès public à
Internet.

Avant de présenter les objectifs et méthodologies du recensement et du questionnaire,
nous présentons un rapide historique de l’accès public à Internet, des différents labels
qualifiant ces espaces multimédia.

Rapide historique de l’accès public à Internet

Dès 1998, un comité interministériel approuve le Plan d’Action Gouvernemental pour la
Société de l’Information (PAGSI), plan visant à faciliter l’entrée de la France dans la
« Société de l’Information ». Ce plan, soutenu par le ministère de la culture et de la
communication, fixe, entre autre, la création de 100 Espaces Culture Multimédia (ECM). Ces
espaces multimédias, situés au sein de structures préexistantes à vocation culturelle ou
socioculturelle (bibliothèques, médiathèques, centres culturels…), devaient permettre la
formation des technologies de l’information et de la communication dans une perspective
culturelle. Outre la création d’ECM, l’accent est mis également sur l’équipement de services
de points d’accès à Internet en relation avec le public. Le second Comité Interministériel pour
la Société de l’Information (CISI) de 1999 opte pour le renforcement de l’accès public à
Internet dans les services publics (maisons de services publics, agences postales,
bibliothèques municipales, ANPE…).

Mais c’est surtout en 2000 que l’accès public à Internet devient une priorité du
gouvernement, avec l’annonce de la création de plus de 7000 lieux publics offrant un accès à
Internet dont 2500 « espaces publics numériques » (EPN) [2]. Les lieux d’accès publics à
Internet, pour pouvoir être labellisés EPN, devaient respecter les engagements définis par une
charte, notamment la présence d’un animateur multimédia. Ces EPN avaient vocation à
s’ouvrir dans des réseaux relevant de la compétence de l’Etat :

  • Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (1000 points d’accès prévus
    d’ici 2003)
  • Dans les structures du réseau information jeunesse, les « Point-Cyb – espace jeune
    numérique », via le Ministère de la jeunesse et des sports (600 prévus d’ici 2003)
  • Dans les structures culturelles et socio – culturelles avec la multiplication par deux des
    ECM
  • Dans des établissements scolaires (à destination de tous les publics).
    Enfin, l’Etat a mandaté la Caisse des Dépôts et Consignations afin de soutenir les collectivités
    locales qui souhaiteraient installer une « cyberbase ». Tous les différents dispositifs nationaux
    cités ici seront donc par la suite labellisés EPN, en plus d’une éventuelle autre labellisation
    plus spécifique (Point-Cyb, Cyberbase…).

Notons aussi le programme « Cyberbase de la Poste » déployé au cours de l’année 1999 dans
plus de 1000 bureaux de Poste qui, sur des bornes cyberposte et grâce à l’utilisation d’une
carte prépayée, mettait à disposition différents services (messagerie, accéder au web,…) et un
emploi-jeune se chargeant d’accueillir le public et de l’accompagner.

Fin 2002, un nouveau plan intitulé RE/SO 2007 (Pour une REpublique numérique
dans la SOciété de l’information), est annoncé par le premier ministre de l’époque, Jean Pierre
Raffarin. Le second volet de ce plan « Agir sur la demande », prévoit entre autre de simplifier
et renforcer le dispositif de l’accès public à Internet (simplification du dispositif, clarification
des différentes missions de ces lieux…). C’est dans ce cadre qu’a eu lieu le CISI de 2003, qui
décide alors de donner une nouvelle impulsion à la politique d’accès public à Internet en
créant le label « NetPublic » (qui remplace alors le label EPN), label fédérant l’ensemble des
centres de formation répondant à nouveau à certains critères définis par une charte (proche de
la charte « EPN ») en coordination avec les collectivités territoriales. C’est la Délégation aux
Usages d’Internet (DUI), héritière de la MAPI, qui a pour mission d’animer l’ensemble du
réseau. Durant cette période aussi, le Ministère de l’Emploi, pour inscrire davantage les TIC
dans la formation qu’elle soit initiale ou continue, lançait (en 2002) les Points d’Accès à la
Téléformation (P@t), « lieux équipés pour permettre à un usager de réaliser un parcours de
formation, en lien avec un formateur distant qui lui transmet par tous moyens techniques et
pédagogiques les éléments nécessaires à sa formation ».

Entre 2004 et 2008, on remarque peu de nouvelles actions développées en ce qui
concerne la politique d’accès public à Internet. Est-ce signe que celle - ci est arrivée à
maturité ? On remarque aussi que cette période correspond également à ce qu’on a nommé
l’éclatement de la « bulle Internet ». Toujours est-il que début 2008, les ECM se voient retirer
leur subvention, signant là l’arrêt de la labellisation ECM. Cependant, en octobre 2008, Eric
Besson, secrétaire d’état au numérique, présente son plan baptisé « France Numérique
2012 » [3], dont l’objectif est de « faire de la France un pays moteur de la révolution
numérique ». L’une des actions présentées dans ce plan préconise le développement des
espaces publics numériques de « nouvelle génération ». Plus récemment, le Ministère de
l’Education Nationale a sollicité la Caisse des Dépôts pour le déploiement de 400 nouveaux
espaces« Cyberbase Ecole » d’ici 2013. Ces EPN, implantés dans des écoles, auront
vocation à offrir un accès libre aux professeurs et aux élèves, tout en accueillant les publics en
demande d’accompagnement hors temps scolaire.Parallèlement au développement de réseaux nationaux d’accès public à Internet,
d’autres dispositifs, nés de la volonté des régions, départements, collectivités [4], sont apparus,
et parfois bien avant le CISI de 2000. C’est le cas du dispositif « Cybercommune », lancé dès
1998 par la région Bretagne et favorisant l’appropriation des TIC (toujours par la médiation
d’un animateur), notamment dans les zones rurales. Suite en particulier aux évaluations
consécutives de ce dispositif par le GIS M@rsouin, un appel à projets a été lancé par la
région Bretagne en 2005 qui a incité les collectivités à créer des « Centre de Ressources ».

Ces espaces, déployés en réseau, sont gérés par les communautés de communes ou les pays, et
sont chargés d’animer les cybercommunes voisines et de développer des services
complémentaires. En étroite collaboration avec l’Etat et les Conseils généraux des Côtes
d’Armor, du Finistère, d’Ille et Vilaine et du Morbihan, le Conseil régional de Bretagne a
aussi mis en place un réseau de Points Etude, lieux où les étudiants trouvent « un ordinateur
réservé ainsi qu’une borne Wifi pour accéder gratuitement à l’ensemble des ressources, que ce soit via leur Espace Numérique de Travail (ENT) ou sur Internet (dans le respect de la charte
d’usage) ».
A un niveau plus local, dès 1998 également, la ville de Brest a également développé
son propre réseau d’accès public à Internet : les PAPI (Point d’accès Public à Internet). Ces
espaces sont présents au sein des équipements de quartier, des services municipaux et
d’associations (dont le champ d’activité peut être social, environnemental, culturel…) et
proposent également un accès accompagné à Internet.
Ainsi actuellement, plusieurs noms ou labels, nationaux régionaux ou locaux, qualifient les
différentes structures d’accès public à Internet. Le tableau ci-dessous reprend les principaux
labels.

Label Initiateur
Labels ministériels
Espace Culture Multimédia (jusqu’en 2008) Ministère de la culture et de la communication
Relais Culture Multimédia Ministère de la culture et de la communication
Point-Cyb Ministère de la jeunesse et des sports
EPN (jusqu’en novembre 2003) ou NetPublic Programme gouvernemental
P@T Ministère de l’emploi
Labels nationaux
Cyberbase Caisse des Dépôts et de Consignations
Cyberbase Ecole Caisse des Dépôts et de Consignations
Labels régionaux
Cybercommune Région Bretagne
Centre de Ressource Région Bretagne
Point Etude Région Bretagne
Labels locaux
PAPI Brest

Tableau 1 – Principaux labels

On notera que la pérennisation des EPN et lieux d’accès public à Internet est une
thématique récurrente depuis plusieurs années. Dès 2002 pour les EPN s’est posée la question
du financement des postes d’animateur multimédia, avec l’arrêt du dispositif emploi-jeune,
sur lequel s’appuyait la plupart des financements de l’animation de ces espaces. Se sont
également posées les questions concernant le financement des espaces, des équipements, la
formation des animateurs aux nouveaux usages et services.

[1Définition d’un espace public numérique : http://www.netpublic.fr/net-public/espaces-publicsnumeriques/
presentation/

[2Le terme EPN fait normalement référence à un label mais celui - ci s’est généralisé pour désigner
plus généralement des espaces multimédias proposant, outre un accès libre à Internet, un
accompagnement à Internet.

[4Pour plus d’informations sur les dispositifs régionaux, départementaux ou locaux, cf.
http://www.netpublic.fr/net-public/espaces-publics-numeriques/programmes-reseaux-labels/

Posté le 9 septembre 2010

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