Qu’est ce que ce réseau "Doc@Brest" des professionnels de l’info-doc, qui y participe ?
Fanny Saint-Georges : Doc@Brest est né à la suite du Forum des usages coopératifs de Brest, en juillet 2012. Il s’agit de mettre en relation des acteurs locaux de l’information-documentation au sens large (bibliothèques, documentation, archives, formation, veille...). La liste de discussions biblio2.0, créée en 2011, compte aujourd’hui 70 inscrits. Un petit groupe d’animateurs bénévoles coordonne Doc@Brest, programme les ateliers et évènements, et alimente un blog et des réseaux sociaux associés.
Quelles sont les activités de Doc@Brest en tant que réseau du territoire ?
Stéphanie Corfec : Nous participons à la mise en place d’ateliers d’échanges de pratiques, de tables rondes sur nos métiers, mais aussi à l’animation du débat local, par exemple à travers l’organisation d’une copy party dans le cadre de Brest en Biens Communs.
David Fernandes : Le réseau s’organise sous deux formes : d’un côté un réseau "physique", concret avec des ateliers, des rencontres régulières, et une implication dans des projets comme la Cantine numérique brestoise. De l’autre, un réseau "numérique", avec une identité visuelle, une liste de diffusion, un blog et des réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Scoop.it).
Nous sommes un "collectif" sans statut associatif, sans budget, qui fonctionne sur le principe du bénévolat et du "donnant-donnant" : chacun peut proposer un atelier, ou participer à une animation collective. L’important c’est d’être acteur, apporter et recevoir sans contrainte, chacun à la mesure de ses moyens et de sa disponibilité.
Que vous apporte le fait de fonctionner ainsi en réseau ?
Stéphanie : Pour moi la force de ce réseau c’est la possibilité de travailler à plusieurs, d’être des acteurs émanant de structures variées, avec un même cœur de métier (l’information) et de créer ensemble des projets, des ateliers, des débats ...Le fait de s’exprimer à "plusieurs voix", avec chacun son approche professionnelle, c’est ce qui fait la vraie richesse de Doc@Brest.
Fanny : Ce réseau nous apporte aussi une nouvelle visibilité et une reconnaissance de nos métiers en local. Il y a une synergie qui se développe sur Brest.
Perrine Helly : Je crois que cette initiative se situe dans la mouvance du "hacking", en ce sens que nous privilégions le partage direct de l’information, l’échange pair - à - pair sans passer forcément par des experts reconnus ou par une autorité, la bidouille "ouverte" et libre... Il est important pour nous que ce réseau soit indépendant.
Par ailleurs, le territoire de Brest est déjà très engagé dans des initiatives de partages de savoirs (wiki-Brest,la Cantine numérique, Chimère, Portail des savoirs, etc.), il nous a donc semblé important que les bibliothécaires et documentalistes du pays de Brest s’intègrent dans cette dynamique.
D’où la double dimension, "coopérative" et "locale" à la fois.
Comment voyez-vous le lien entre ce réseau de territoire et les réseaux de bibliothécaires ou de documentalistes au niveau national ou de vos propres structures ?
Stéphanie : Ce projet vient en complément des autres réseaux existants en local et en national. Les liens sont à inventer avec ces associations et réseaux. Nous faisons de la veille sur les formations et évènements proposés par d’autres structures en local et nous diffusons l’info sur la liste pour informer le réseau.
Fanny : L’éloignement géographique de Brest ne permet pas toujours aux professionnels de profiter pleinement des apports des réseaux nationaux. Cela ajouté aux configurations de nos postes (équipes parfois réduites), un documentaliste brestois peut se sentir isolé : Doc@Brest remédie en partie à ce sentiment s’isolement.
Perrine : L’intérêt d’être un réseau informel, c’est que nous pouvons être plus réactifs. En revanche, nous ne pouvons pas avoir le même poids et bénéficier de la même audience qu’une association constituée ou qu’une structure officielle. Tout cela est complémentaire.
Quels sont pour vous les enjeux de la société du numérique pour les documentalistes et bibliothécaires ?
Stéphanie : La montée en puissance du numérique impacte évidemment beaucoup nos missions en bibliothèques ou centres de documentation : notre cœur de métier évolue en permanence et nous devons sans cesse anticiper ces changements et adapter nos pratiques professionnelles.
Perrine : Notre rôle est de faire circuler l’information et les savoirs... Aujourd’hui l’enjeu principal est, à mon sens, de faire sauter les verrous juridiques et psychologiques qui contiennent cette diffusion et de valoriser la libre mise à disposition des contenus. C’est ce que nous faisons en privilégiant autant que possible les outils et logiciels libres, et en publiant en ligne les tutoriels et comptes-rendus de nos animations.