Pour Millénaire3, le site de prospective de la métropole du Grand Lyon, l’agence de design d’intérêt général Vraiment Vraiment a décrit les formes de l’action publique, une tentative d’élaboration d’un alphabet de l’action publique
Et si l’utopie pragmatique des communs pouvait compléter et enrichir cet alphabet ?
Et s’il fallait esquisser un alphabet de l’action publique en communs pour un monde habitable ?
Retrouvez l’ensemble de la série et le billet de lancement qui explique cette série.
Que fait l’action en Communs ?
L’action en communs va là où l’acteur public n’agit pas, mal, ou refuse d’agir. Quand on parle de communs, on parle de réappropriation. Les commoners questionnent profondément la légitimité exclusive de l’acteur public (considéré comme un lointain pouvoir illégitime en raison de la défiance démocratique) à décider des bons usages de l’espace public.
En construisant sans autorisation, en occupant l’espace public (et privé, que l’on pense aux squatt) sans demander s’ils le peuvent les dynamiques de communs urbains mettent au jour une forme de “citoyenneté pirate” qui peut être profondément réjouissante mais aussi très inquiétante du point de vue de l’ordre public.
Quels enjeux pour des partenariats-publics communs ?
La controverse est posée : faut-il maintenir le laissez-faire au risque de troubler l’ordre public ou l’encadrer pour encourager les communs quitte à les détruire ? Cet article de Jules Desgouttes sur les communs en friches pose très bien ces questions en affirmant que la régulation est destructrice :
C’est à ce mouvement du politique vers l’économique qu’on reconnaît l’enjeu véritable de la falsification du rapport à l’espace : non seulement il s’agit de produire de la valeur économique, mais encore cette valeur est-elle l’enregistrement direct du contrôle exercé sur les milieux que composent ces pratiques. Ainsi s’exerce, à l’endroit même de sa contestation potentielle, un tri social et spatial des corps qui est le mouvement même de la métropolisation. Dans ce processus plus général, s’inscrivent et se rejouent des discriminations de classe, de race et de genre, de sorte qu’il ne reste de l’hybridité vantée de ces lieux, une fois embaumés dans leur propre image, qu’un simulacre fade et sans risque – le papillon épinglé sur la planche.
Il y oppose des dynamiques plus positives à ses yeux mais qui souffrent de… l’absence de reconnaissance des pouvoirs publics !
On peut opposer aux tentatives de faux que constituent les simili-friches l’émergence d’une figure nouvelle : celle des « lieux intermédiaires et indépendants », à la fois pour les intermédialités qu’ils explorent dans le champ artistique (déplacement des supports, croisement entre les pratiques, hybridité des médias), pour les expérimentations qu’ils permettent dans le champ politique et par les nouvelles modalités de production qu’ils explorent dans le champ de l’économie de la culture.
Peut-être la controverse est-elle mal posée. Et si l’enjeu c’était d’identifier et de construire de la réciprocité et de la confiance ? Au fond le sujet est toujours le même : comment faire confiance à des collectifs pour les laisser agir et/ou les accompagner sans les détruire ? Sur quelles bases déterminer que des citoyens agissent dans l’intérêt général ? Et s’il fallait inventer de nouvelles formes d’immersions en pair à pair capables de créer de la confiance ? On pourrait imaginer des voyages immersifs croisés de groupes de fonctionnaires (d’autres collectivités pour éviter le soupçon de contrôles) et d’activistes pour créer des liens, développer une culture commune capable d’instruire des personnes plutôt que d’instruire des dossiers ?
S’il faut rapprocher ces mondes, il est clair que le rapport de force est aussi ce qui constitue le communs. Parfois, il est dans l’intérêt général que les acteurs publics ne fassent rien…
Quelles formes concrètes ? Quels exemples ?
Ce dossier exppose très bien les différents aspects des communs urbains
https://www.metropolitiques.eu/Les-communs-urbains-nouveau-droit-de-cite.html
Cet article montre comment le fait de créer et de maintenir un communs est une expérience unique qui ne peut bien se comprendre qu’en étant vécue…
https://scinfolex.com/2016/05/11/en-quoi-la-bibliodebout-constitue-t-elle-un-commun/
Cet article montre comment le droit est ajourd’hui inadapté pour favoriser une gestion de l’occupation temporaire en communs