Repris d’un article publié par le Cefrio dans son bulletin Sistech
Rappelons que ce projet, initié par le CEFRIO et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport en 2002, vise à transformer les pratiques pédagogiques par l’apport des TI dans le but d’assurer la vitalité des petites écoles en région et favoriser le développement économique des milieux ruraux. Près de 80 écoles rurales des niveaux primaire et secondaire de près d’une vingtaine de commissions scolaires participent aujourd’hui à cette expérimentation.
Nous avons vu au cours de cette session de transfert, que non seulement les pratiques pédagogiques des enseignants se transforment et se bonifient avec l’utilisation des TI, mais aussi celles d’autres intervenants. C’est le cas notamment des orthopédagogues.
À cet égard, il est intéressant de rapporter une expérience en réseau réalisée à la commission scolaire de Portneuf au cours des derniers mois. Cherchant de nouveaux moyens pour regrouper et intervenir auprès des élèves présentant des difficultés d’apprentissage et considérant que la distance à parcourir entre les différentes écoles primaires pour répondre aux besoins particuliers de certains élèves diminuait le nombre d’interventions possibles auprès de ceux-ci, l’opportunité d’utiliser les TI pour intervenir à distance a été envisagée.
Cela posait toutefois un certain nombre de questions, comme :
- Est-ce que les élèves ayant des problèmes de comportement vont être capables de travailler sérieusement lorsqu’ils seront en réseau ?
- Est-ce que les élèves vont être capables d’être à l’écoute pendant près d’une heure sans la présence physique d’un adulte, alors qu’ils ont de la difficulté à se concentrer pendant de très courtes périodes ?
- Est-ce que les élèves vont être capables d’utiliser seuls les technologies (logiciel de vidéoconférence sur Internet notamment) et les différents périphériques ?
Ces appréhensions, légitimes reconnaissons-le, se sont vite estompées après la première semaine d’expérimentation. En effet, l’orthopédagogue a réalisé des interventions en réseau d’une durée de 55 minutes à raison de 5 rencontres par cycle de neuf jours. Les élèves ciblés provenaient de deux écoles : quatre élèves du 3e cycle (deux garçons et deux filles) et un garçon du 2e cycle. Ces élèves présentent une ou des problématiques associées à la dysphasie, la dyslexie, des difficultés d’apprentissage ou comportementales.
Que s’est-il donc passé pour que soudain, ces élèves soient motivés et attentifs ? La réponse se trouve en partie par le contexte créé par l’utilisation des TI. En effet, pour certaines périodes d’intervention, l’orthopédagogue n’intervenait pas dans la classe mais en réseau. On retirait alors l’élève de sa classe pour l’installer seul dans un local voisin, devant un ordinateur branché avec les logiciels et périphériques requis (caméra web, écouteurs, microphone). Voilà déjà un élément propice à la concentration. De plus, l’élève ne subissant pas le regard des autres élèves devenait beaucoup plus à l’aise pour s’exprimer dans ce nouvel environnement. Aussi, l’utilisation même des technologies pour réaliser des activités de lecture et de communication orale s’est avérée très motivante. D’autres observations ont aussi été faites par l’orthopédagogue et les enseignants après seulement trois mois de pratique. En effet, ils ont remarqué que ces élèves :
- ont développé de l’autonomie par rapport à l’utilisation de l’ordinateur et des logiciels ;
- se sont davantage responsabilisés face à leurs apprentissages ;
- ont développé une meilleure communication orale et apporté de la fluidité dans leur lecture ;
- ont consolidé plus rapidement les stratégies en lecture ;
- et, non le moindre, ont amélioré leur comportement en classe et dans l’école (passage de leader négatif à leader positif).
Cette transformation vers une orthopédagogie en réseau implique toutefois de relever de nombreux défis. Par exemple, il faut beaucoup de souplesse entre l’orthopédagogue et les enseignants dans l’organisation des horaires et l’organisation physique (du fait qu’un élève est seul dans un autre local que celui de la classe). Et puis l’ordinateur, les logiciels ou les périphériques connaissent parfois des ratés en pleine intervention, à distance rappelons-le, de l’orthopédagogue…
Pourtant, tous les intervenants concernés par cette nouvelle forme d’orthopédagogie en réseau sont unanimes : il faut poursuivre l’expérience, innover dans les types d’intervention, revoir l’organisation des horaires, trouver des solutions aux failles technologiques… car en bout de course, l’élève ayant des besoins particuliers en sort gagnant.
Mentionnons que le projet École éloignée en réseau en est maintenant à sa troisième phase : l’institutionnalisation du modèle ÉÉR. Si le modèle s’est avéré jusqu’à ce jour bon et pertinent et qu’il a été démontré que chaque site-pilote est porteur d’éléments importants à la réussite de ce modèle, il appert néanmoins qu’il sera nécessaire dans l’avenir de mettre en valeur les bons coups des uns et des autres pour institutionnaliser l’École éloignée en réseau. C’est un premier pas en ce sens que nous avons voulu accomplir en vous présentant une expérience novatrice d’orthopédagogie en réseau.
Rédactrice : Gisèle Vachon, chargée de projet, CEFRIO
Remerciements à Brigitte Larivière, Marie-Hélène Ouellet et Louis Lemieux de la commission scolaire de Portneuf pour leur témoignage dynamique lors de la session de transfert d’École éloignée en réseau le 20 avril 2007.
Pour en savoir davantage sur le projet École éloignée en réseau, communiquez avec Josée Beaudoin, directrice du projet au CEFRIO, (514) 840-1245.