Rédaction d’un portrait (par interview croisée)

Ecrit-public projet I3C-Vecam
Granule 1
Rédaction Anne Dhoquois
Article publié initailement sur I3C

Ce document est réutilisable librement en citant la ligne ci-dessus merci de nous en informer}

Objet

Rédiger un texte de 20-30 lignes dressant le portrait d’un des participants à la formation autour de l’angle suivant : "Qu’est-ce qui amène cette personne à suivre cette formation"
Les apprenants se mettent en binôme et s’interviewent tour à tour.
Durée : 3 heures, sans travail préalable requis.
Cette séquence est proposée en ouverture comme rencontre des participants mais elle peut aussi se dérouler à distance (par binôme).

1 A lire : la définition du portrait

Le portrait est un "genre journalistique" (on dit aussi "mode de traitement") particulier.
Il consiste à rencontrer une personne, à la faire parler autour d’un thème (donc à l’interviewer), puis à rédiger un article qui mêlera :

des données factuelles sur sa vie, son parcours...

des éléments explicatifs autour de l’"angle" choisi (l’angle, c’est-à-dire le point de vue que l’on choisit pour traiter un sujet donné, peut généralement se formuler sous forme de question) ;

des propos de la personne interviewée ;

des détails visuels ou des traits de caractère, de personnalité, etc. qui se seront révélés au cours de l’interview.

Le mode de traitement du portrait met en valeur le parcours d’une personne avec sa subjectivité, ses choix, ses motivations... Il faut donc que l’article contienne des éléments personnels et humains faisant comprendre au lecteur la particularité de son histoire.
L’article peut intercaler des phrases écrites par le journaliste à partir des propos de la personne interviewée et des citations mises entre guillemets.

2 Exercices : l’interview croisée

Premier exercice : chaque personne prépare les questions qu’elle posera à la personne interviewée (15 minutes).
Ces questions peuvent être de trois types :

Tout ce qui a trait à l’identité de l’interlocuteur, ce que l’on pourrait appeler les "informations minimales" : son nom ? son âge ? sa formation ? ses activités professionnelles ? ses activités associatives ? où vit-il ?

Tout ce qui a trait à l’aspect humain (en lien direct avec l’angle choisi) : Quelles sont ses motivations pour suivre cette formation ? (interview non directive) ou Comment a-t-elle eu connaissance de l’existence de cette formation ? Est-ce elle-même qui a souhaité la suivre ? Quel est le lien entre son métier et/ou ses activités associatives et la formation ? Quels sont ses rapports à l’écriture ? Comment utilisera-t-elle ce qu’elle aura appris ? (questions précises : interview directive).

Tout ce qui a trait à l’aspect réflexif (facultatif) : que pense-t-elle de la co-production de l’information ? Quelles difficultés a-t-elle rencontré (ou a-t-elle peur de rencontrer) dans l’animation d’un groupe chargé de produire du contenu ? Qu’est-ce qu’Internet a changé dans cette démarche ?

Conseils pour l’interview :

Proposez à l’interlocuteur de "raconter l’histoire" liée à l’angle choisi, car il se sentira vraisemblablement plus à l’aise dans un monde narratif que démonstratif : le laisser raconter son histoire sans l’interrompre car cela peut amener des éclairages que l’on n’avait pas forcément imaginé dans la liste des questions initiales liées à l’angle.
Ne jamais oublier lors de l’interview ce que l’on cherche à savoir (les raisons de sa présence à la formation). En même temps, il est conseillé de rebondir sur les propos de la personne, quitte à reformuler les questions initialement prévues. Par exemple, si l’interlocuteur affirme "Pour moi, écrire relève de la citoyenneté", rebondissez sur cette "confidence" en demandant des précisions, du vécu, etc.

Le mode de traitement étant celui du portrait, ne négligez pas les aspects humains, personnels et émotionnels. Cela peut être une anecdote, une expérience personnelle d’écriture, etc. Tout cela doit permettre de "personnaliser" le portrait - donc d’en faire autre chose qu’un "cas d’école" - mais aussi, le cas échéant, de permettre en cours d’interview de dégager un deuxième angle au cas où le premier s’avère ne pas fonctionner.

Essayez d’identifier ce qui met la personne à l’aise : une interview très directive avec des questions très précises, ou des questions larges qui laissent à la personne la possibilité de conserver le mode narratif. Si vous optez pour cette dernière méthode, gardez un œil sur votre liste de questions pour vérifier que vous avez obtenu toutes les réponses souhaitées. Si ce n’est pas le cas, complétez avec des questions précises.

Oubliez votre propre expérience et posez des questions en fonction du témoignage de la personne interviewée. Par exemple, si Internet est votre hobby favori mais pas celui de votre interlocuteur, ne focalisez pas l’entretien sur ce thème.

Ne rentrez pas trop dans un dialogue avec votre interlocuteur. Votre objectif, c’est de mettre en valeur le parcours de l’autre et ses idées, son vécu, etc. Exception : si la personne ne dit rien et que le fait de vous "dévoiler" à votre tour la met plus à l’aise pour se confier à vous.

Si vous ne comprenez pas bien l’un de ses propos, demandez lui de préciser, ou bien reformulez ce que vous avez compris et demandez lui de vous corriger le cas échéant.

Veillez à conserver un bon équilibre entre les informations factuelles, les aspects humains et les éléments réflexifs. Si votre interlocuteur a tendance à "déraper" en privilégiant systématiquement l’un de ces trois aspects, tentez de ramener en permanence les deux autres.

Clore l’interview par une question de type : "Avez-vous quelque chose à ajouter ?"

Deuxième exercice : Poser les questions chacun son tour (10-15 minutes chacun)

Conseils pour la prise de notes :

Prenez en note le maximum de choses. Pour ce faire, il faut écrire vite... et pouvoir facilement se relire. Utilisez donc des abréviations (bcp pour beaucoup ; ex pour exemple, etc.), supprimez les mots inutiles (verbes auxiliaires, articles définis, etc.) et si la personne se répète, ne prenez pas en note plusieurs fois des propos déjà tenus.

Rapportez le plus fidèlement possible les propos de la personne afin de pouvoir la citer mot à mot.

Notez également des impressions, des sensations que vous éprouvez au moment de l’interview (une phrase dite avec émotion, des rires, etc.).

Quand la personne cite un nom propre (nom d’une personne, d’un lieu, etc.), demandez lui de préciser l’orthographe.

Notez, enfin, des idées fugitives qui vous parcourent l’esprit au fur et à mesure de l’interview (idée d’un titre qui caractériserait bien la personne, question supplémentaire à lui poser que vous n’auriez pas pris en note, etc.). Vous pouvez également souligner, au fil de la prise de notes, des propos qui vous semblent particulièrement intéressants pour votre article.

Exercice 3 : la rédaction du portrait

Chaque participant travaille à la rédaction du portrait sur 20-30 lignes (1 heure)

Conseils

Relisez l’ensemble de vos notes et sélectionnez ce que vous allez garder. Car tout n’est pas indispensable dans les propos tenus. Le tri s’effectue en fonction de l’angle choisi (pourquoi suivre cette formation ?), de la longueur de l’article (plus il est long, plus vous pouvez vous étendre sur des détails), du mode de traitement (on s’attachera ici à suivre le parcours de cette personne en évitant les généralités)... Tentez d’identifier ce que vous allez mettre entre guillemets.

Le rédacteur veillera à ne pas mettre entre guillemets des informations purement factuelles (le métier de la personne, ce qu’elle compte faire avec les connaissances acquises après la formation, etc.), mais plutôt à mettre dans la bouche de la personne ses commentaires, ses questionnements, ses doutes, ses désirs, bref tout ce qui est de l’ordre du subjectif.

L’article peut comprendre des descriptions physiques, des attitudes, un accent, une manière de parler... Cet ensemble de détails contribue à humaniser l’article et à le personnaliser.