Depuis le milieu des années 80, différents mouvements ont revendiqué le "droit à communiquer", considérant que la communication était devenu à l’ère des médias de masse une dimension essentielle de la démocratie et de la diversité culturelle.
Cette approche, défendue par le mouvement des médias alternatifs et communautaires, a rencontré une certaine reconnaissance dans les instances internationales, notamment au sein de l’UNESCO à travers le rapport MacBride.
Au cours des années 90, prenant prétexte du fait que certains gouvernements du Sud autoritaires avaient utilisé cet embryon de droit pour mettre en place des médias qu’ils contrôlaient totalement, l’idée même d’un droit à communiquer a été écartée violemment, notamment par le gouvernement américain.
Au cours de la première phase du SMSI - Sommet mondial de la Société de l’information - le concept même a suscité un large débat qui a traversé aussi bien les gouvernements que les acteurs de la société civile.
Et pourtant ce concept prend une étonnante actualité avec l’irruption des nouvelles technologies de l’information.
Le passage de médias diffusés (one to many) à des médias distribués (many to many) bouleverse le débat :
- potentiellement toute personne ayant accès à Internet peut devenir créateur de contenu et non plus simplement consommateur,
- les médias locaux et communautaires (radios, télés) qui diffusent sur Internet se multiplient, au Nord comme au Sud,
- les outils d’écrit contributifs sur Internet amènent lentement mais sûrement un nouveau public à construire une parole publique.
Faut-il pour autant défendre une approche normative ?
A-t-on besoin d’étendre le socle des droits individuels et collectifs de l’humain ou bien les différents instruments juridiques internationaux suffisent-ils ?
Cette approche constitue-elle une véritable résistance à la privatisation et concentration massive des médias classiques ?
Quels politiques publiques peuvent faire de ce droit non pas un simple principe théorique, à l’instar du droit au logement où à la culture, mais une réalité qui traverse et nourrisse nos sociétés ?