Observatoire des Usages de l’Internet

Analyse d’Usages Sociaux de l’Internet (AUSSI)

Voici deux contributions de l’OUI au Forum des
Usages Coopératifs de Brest à laquelle malheureusement je ne peux pas
participer, étant mobilisé par la participation au jury de "villes
internet".

L’une concerne la coopération sur l’internet et plus précisément suggère
une formule coopérative pour les observatoires des usages des TIC.

L’autre, ci-dessous, décrit les principales orientations et réalisations de l’OUI
depuis sa création en 1998 (à laquelle certains d’entre vous s’étaient
associés) et en particulier aujourd’hui à travers le projet AUSSI. Vos
commentaires lors de la réunion ou par courriel seront les bienvenus.

Tout ce qui est dit ne va pas de soi : ce travail est fragile, il faut
chaque année relancer la machine, suppléer des déficiences de personnes,
convaincre à nouveau ceux qui nous fournissent les faibles ressources
qui permettent de financer le site et quelques déplacements ...

Vous savez pour la plupart ce cachent comme efforts et constance des
résultats associatifs... Si Brest pouvait permettre la constitution d’un
réseau et de coopérations solides sur le très vaste thème des usages des
TIC, nous nous en réjouirions fort et y apporterions volontiers notre
modeste contribution !


Ce texte présente l’Observatoire des Usages de l’Internet (OUI), ses objectifs désormais centrés sur l’analyse d’usages sociaux de l’internet et le projet AUSSI sur lequel il concentre ses efforts depuis deux ans.
Ce projet comporte trois volets :

  • observation et étude de terrain d’usages sociaux de l’internet, en particulier en proposant des sujets de mémoire de recherche à des étudiants
  • construction progressive d’une méthodologie et d’outils d’aide à l’analyse

L’Observatoire des Usages de l’Internet (O.U.I)

L’Observatoire des Usages de l’Internet (O.U.I) est une association ayant pour objectif l’étude et le partage d’expérience des usages de l’Internet.

Créé en 1998 par un groupe de personnes qualifiées dans le domaine des nouvelles technologies et impliquées dans l’économie solidaire, l’OUI est basé à Montpellier.
L’OUI s’est d’abord consacré à l’étude d’usages associatifs de l’internet : pendant quatre ans il a réalisé un « baromètre des usages associatifs de l’internet à Montpellier » qui a été aussi réalisé dans quelques autres villes, dont Brest ; il a créé le site oui.net et y a proposé un outil de collecte en ligne de descriptions d’usage « arrêt sur usage » ; il a contribué à la conception du service en ligne www.dequeldroit.net sur la jurisprudence du droit des étrangers. Il a désormais choisi comme champ d’études et d’action principal, celui de l’intelligence d’usages de l’internet à forte plus value sociale : observation, analyse et diffusion.

En outre l’OUI cherche à alimenter une réflexion sur les fossés numériques tant en France qu’entre pays du Nord et du Sud et les moyens à mettre en œuvre pour les réduire

Ses travaux sont essentiellement effectués à titre bénévole par ses adhérents, des partenaires associatifs, universitaires ou des étudiants et financés par les cotisations des adhérents, des collectivité locales telles que la Ville de Montpellier et des organisations de mécénat telles que la Fondation France Télécom ou la Fondation de France.

L’analyse des usages sociaux de l’internet

Depuis quelques années, de nombreux projets d’utilisation des nouvelles technologies de l’information dans le secteur de l’économie solidaire ont été entrepris. Ils ont suscité auprès de leur public l’évolution d’usages existants ou des usages nouveaux, certains voulus et anticipés, d’autres spontanés, qui peuvent aller dans le sens ou non des résultats recherchés.

L’analyse et l’évaluation des usages de l’internet résultant d’un projet, permettent de mettre en évidence son efficacité par rapport aux objectifs annoncés initialement. Or nous constatons une certaine lacune dans l’évaluation des usages résultant de ces projets : c’est pour répondre à ce besoin que l’OUI a suscité le projet d’Analyse des USages Sociaux de l’Internet (AUSSI) en avril 2002. Ce projet a obtenu le soutien de la Fondation France Télécom (axe de mécénat « netsolidaire »).

Le but est de chercher, pour des projets particuliers à répondre à des questions telles que :

  • Les usages résultant du projet sont-ils ceux qui étaient initialement prévus ?
  • Des usages imprévus se développent-ils, pourquoi et comment ? Vont-ils dans le sens des intentions du projet ?
  • Peut-on déceler des facteurs moteurs ou freins à la diffusion des usages, qu’ils soient ou non anticipés ?
  • Leur diffusion à d’autres publics est-elle souhaitable et en cas de réponse positive, comment s’y prendre ?

Le projet AUSSI se propose en outre contribuer à l’élaboration d’un ensemble de méthodes permettant d’aborder l’étude des usages résultant d’autres projets.
La démarche suivie consiste à proposer à des étudiants des sujets de mémoire portant sur l’analyse des usages suscités par des projets récents, à les suivre en concertation avec leurs enseignants, à les aider sur le plan matériel (organisation de rencontres avec les acteurs des projets, remboursement de frais...) et méthodologique et à assurer la constitution d’année en année d’un corpus d’études et la publication des résultats.

Ainsi enseignants-chercheurs et étudiants en sciences humaines (sociologie, sciences de l’éducation, sciences de la communication et de l’information), membres bénévoles de l’OUI, porteurs et usagers des projets retenus sont-ils amenés à coopérer dans le cadre de ce projet.

A travers lui, l’OUI vise à contribuer à promouvoir l’étude des usages de l’internet à forte plus value sociale, afin d’en tirer des enseignements pour le futur et à acquérir une plus grande maîtrise du développement de ce type d’usages.

La Fondation France Télécom a apporté son soutien au projet à travers son axe de mécénat « net-solidaire ».
Travaux réalisés dans le cadre du projet AUSSI :

Année scolaire 2002-2003 :

  • « les webtrotteurs de quartiers à Marseille » (Iva Baytcheva et Boryana Darin, mémoire de maîtrise en science de l’information et de la communication, Montpellier 3 .
  • « l’analyse d’une pratique émergente de coopération Sud-Nord en matière d’enseignement supérieur agricole en réseau à l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier » (Estelle Biolchini, DEA, université de Grenoble).
  • reprise de l’architecture du site de l’OUI par, en améliorant considérablement l’interactivité, les possibilités de recherche, et la base de partage d’expérience « arrêt sur usage de l’internet » à partir du logiciel libre XOOPs. (Jean-Luc Pantel, DESS « auteur rédacteur multimédia » à l’ERIEE à Nîmes).

Année scolaire 2003-2004 (en cours) :

  • Analyse des usages de la base en ligne de jurisprudence du droit des étrangers www.dequeldroit.net (Bérénice Michel et Yves Le Grève, maîtrise à Montpellier)
  • Analyse des usages des utilisateurs finaux d’une plate-forme d’enseignement supérieur à distance en agromnomie concernant plusieurs pays du pourtour méditerranéen (Nawaël Bouhassou et Najat Filali, maîtrise en science de l’information et de la communication)

D’autres collaborations ont permis d’acquérir également une expérience d’observation et d’analyse des forums entre malades et de l’impact de l’usage de l’internet sur les courants migratoires

Les moyens

Le travail de l’OUI repose essentiellement sur le travail de professionnels bénévoles qui apportent une compétence concrète, d’étudiants et de leurs enseignants (aujourd’hui du département Sciences de l’Information et de la Communication de l’université Montpellier 3), qui peuvent fournir un éclairage méthodologique et théorique.

Le tiers secteur se prête bien au travail d’étudiants : on y rencontre généralement une plus grande ouverture au dialogue, à l’innovation, à la communication des usages, à la publication de résultats et au partage d’expérience.

L’intérêt d’une forte liaison avec l’université est apparue peu à peu. Les étudiants et leurs enseignants sont intéressés par l’ouverture que peut leur apporter l’OUI sur des situations de terrain, et par la continuité du projet, d’années en années, qui permet une accumulation d’expériences et la mise au point de méthodes et d’outils. Ces études, menées en partenariat avec des organisations de terrain, font une large place à des approches qualitatives.

Leurs résultats sont publiés sur le site internet http://oui.net et mis à la disposition tant des associations ou collectivités locales qu’aux promotteurs de projets qui ont parfois des difficultés à orienter, comprendre et évaluer les usages résultant des projets qu’ils ont conduits.

Les raisons de notre choix et les bénéfices attendus
Plus concrètement nous espérons que cette expérience se révélera bénéfique en particulier sur les points suivants :

  • Stimuler la réflexion des porteurs de projet quand aux usages effectifs résultant de leurs projets
  • Favoriser une « contre-réaction » des projets réalisés sur les projets à réaliser.
  • Favoriser une prise de conscience des utilisateurs par rapport à l’évolution de leurs usages.
  • Mettre à la disposition des étudiants travaillant sur le projet des méthodes, outils et un corpus d’expériences leur permettant de profiter de l’expérience acquise par leurs prédécesseurs.
  • Sensibiliser des étudiants à l’analyse critique des usages et à leur développement dans un champ social : cet exercice pourra influer sur leur façon d’aborder les problèmes ultérieurs auxquels ils seront confrontés dans leur vie professionnelle .
  • Donner l’occasion aux bénévoles, dont l’expérience professionnelle ne couvre pas nécessairement tout le champ du projet, d’une remise à niveau de leurs compétences sur les technologies très récentes utilisées ou, s’ils ont un profil d’origine plutôt technique, sur les aspects de « sciences humaines » du projet,.

Au fur et à mesure des usages analysés, devraient être mis en évidence des facteurs favorables ou défavorables au développement d’usages nouveaux ou d’évolution d’usages existants et des conditions favorisant leur transfert et leur réappropriation par d’autres projets, dans des contextes différents.

Enfin, nous espérons que, bien qu’actuellement limitée à la région de Montpellier, la démarche de l’OUI pourra s’étendre et s’appuyer sur des coopérations avec d’autres personnes et organisations et peser pour ce que nous désignons comme « l’internet équitable », c’est à dire pour des usages de l’internet porteurs de plus values sociales et citoyennes.

Posté le 5 juillet 2004 par Michel Elie

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