Pourquoi j’utilise Creative Commons sur mon site ?
Interview de Marie Catherine Mouchot adjointe au maire de Plouarzel
1) Tout d’abord peux tu présenter la commune de Plouarzel et son implication autour des usages d’internet et du multimédia ?
Commune rurale de 3500 habitants à l’extrême pointe du Finistère, la municipalité de Plouarzel a toujours travaillé en collaboration avec le tissu associatif, les écoles, les citoyens, pour accompagner leurs projets et bénéficier de leurs compétences. L’avènement des technologies du numérique a un peu modifié les schémas coopératifs et à obligé à structurer différemment les modes de relations. La mise en place d’un centre multimédia, animé par un professionnel soucieux de faire partager à tous les nouveaux paradigmes liés aux technologies du numérique, a permis de recréer une structure d’échange autour de l’internet et du multimédia.
Tous les publics ont été touchés, des plus jeunes aux plus âgés, de la formation de base aux outils à la participation active dans des projets collaboratifs.
Même si beaucoup reste encore à faire, la municipalité a également sensiblement amélioré sa relation directe avec ses administrés en offrant plus de services et plus d’informations directement à partir de son site internet.
2) Le site de la commune est placé sous une licence CC qui permet al réutilisation des contenus, pourrais tu expliquer les raisons de ce choix ?
Nous avons choisi de faire des documents que nous gérons en propre sur le site (textes, photos, cartes...) des éléments pouvant être réutilisés par tous. Nous savons que ce sont, en premier lieu, les habitants de la commune qui pourront en bénéficier directement, que ce soit pour leur usage personnel ou à des fins professionnelles. Nous estimons qu’il est normal que les citoyens puissent utiliser ce qui a été développé grâce à leur contribution financière ou leur aide. Il n’est pas question là pour chacun de revendre ces documents pour en tirer un profit personnel mais de pouvoir les utiliser pour enrichir d’autres contributions. L’idée que nous progressons ensemble en mettant en commun les forces de chacun nous semble l’essence même de ce que doit être l’action d’une municipalité.
3) Est ce que les personnes que tu rencontres dans les autres communes de votre communauté de communes ou ailleurs sont sensibilisées au droit des contenus publiés ? Comment ce choix a-t-il perçu par tes collègues ?
Les réactions sur ces questions ont beaucoup évolué avec les outils. Lorsqu’il était difficile et coûteux d’éditer un document, que ce soit un livre ou une photographie, chacun souhaitait conserver le bénéfice de son investissement en interdisant la reproduction, à titre gracieux, de ce qui avait coûté à produire. L’usage de l’internet a créé un nouveau paradigme de valeur où ce n’est plus tant le produit que le service qui lui est associé qui est valorisé. Même s’il est tout à fait concevable que, dans un certain nombre de cas, des auteurs veuillent garder la pleine et entière propriété de leur création, cela ne peut s’appliquer aux municipalités dont l’objet est, au contraire, d’aider à développer des services en mettant à disposition le plus de briques de base essentielles.
L’exemple de la carte numérique libre que nous avons développée à peu de frais, à partir du web coopératif d’Open Street Map, a montré que des données libres pouvaient contribuer à créer des produits dérivés utiles. C’était pourtant l’archétype d’un produit classique onéreux sur lequel on aurait eu tendance à appliquer un droit d’auteur. De nombreuses communes en ont vu l’utilité et se sont lancées dans la même démarche.
4) Vous avez également fait ce choix des contenus ouverts et réutilisables pour des contenus publiés et que vous apporte ce choix ?
Avant tout le plaisir de voir les informations sur la commune largement diffusées et utilisées et ce sans que cela ne nous ait rien coûté ni en argent, ni surtout en temps.
5) Quels sont pour toi les freins pour une commune à élargir les droits d’usages de son site internet ?
Il y a souvent deux réticences. La première c’est le sentiment d’être dépossédé d’une création, spolié des retombées attendues d’un investissement bien réel. L’autre c’est la crainte de retrouver sa contribution dans un contexte pour lequel on n’aurait pas donné explicitement son approbation.
L’élargissement des droits va de pair avec la confiance donnée et le choix de ne pas vouloir contrôler, a priori, les usages faits des contenus déposés. Ce n’est pas toujours facile dans un mode d’organisation plutôt habitué à analyser d’abord le bien fondé d’une demande avant d’y répondre.
6) Quelles sont les raisons qui aideraient à choisir une licence CC par une commune ?
Je pense que cela viendra naturellement du fait que la plupart des internautes ont intégré un mode plus ouvert d’utilisation des contenus d’internet et qu’ils ont tendance à pré-supposer que tous les sites sont en CC. J’espère que le système éducatif intégrera ces questions très tôt dans les apprentissages pour sensibiliser les citoyens de demain aux questions du respect des sources. La meilleure connaissance des droits d’’utilisation associés à ces licences est le garant de leur plus grande diffusion et de leur acceptation généralisée par les acteurs publics.
Quelques lignes pour me présenter
Ingénieure, franco-canadienne, diplômée de l’université Laval, je partage de façon inéquitable mon temps entre la direction de la communication de Télécom Bretagne et la mairie de Plouarzel dont je suis adjointe à l’urbanisme et à la communication. Je soigne mon côté technophile en entretenant un cheval et en grattant de la viole de gambe.
Voir aussi sur le sujet :
- "Carte de Plouarzel" sur le portail Cartes ouvertes au pays de Brest
et les interviews
- Pourquoi j’utilise Creative Commons (1) interview de Catherine Guevel Animatrice de Médiablog dans les lycées en Bretagne
- Pourquoi j’utilise Creative Commons (2) : interview de Laurent Marseault, Animateur d’Outils Réseaux
- Pourquoi j’utilise Creative Commons (3) : interview de pierre Yves Cavellat animateur au Bureau Information Jeunesse de Brest