Le Conseil Régional de Bretagne a mis en place le « Visa Internet Bretagne » fin 2008, pour permettre aux habitants de la région d’acquérir les connaissances de base sur l’utilisation d’internet et de l’ordinateur. Il s’agit d’une prestation personnalisée, adaptée aux compétences et aux centres d’intérêt de chacun. Le « Visa Internet Bretagne » comprend un chèque régional d’un montant fixe unitaire de 100 €, attribué dans le cadre d’un suivi individualisé, pour des actions de formations.
En 2010, la Ville de Brest et ses partenaires (Culture et Liberté, la Ligue de l’Enseignement, les centres sociaux Couleur Quartier et Ty An Holl, les Petits Débrouillards de Bretagne), ont souhaité
expérimenter ce dispositif sur le quartier de Kérourien, puis en 2011 étendu au quartier de Keredern.
Après quelques mois d’expérimentation sur ces deux quartiers, plus de 40 habitants ont validé leur « Visa Internet Bretagne ». Plus qu’un « diplôme », pour beaucoup de ces personnes c’est une reconnaissance, une valorisation de leurs engagement et motivation pour l’acquisition de nouvelles compétences.
Rencontre avec Régine Roué, animatrice à l’Espace Public Multimédia de Kerourien.
Service Internet et expression multimédia (IEM) : Vous avez mis en place le visa Internet Bretagne, pouvez vous expliquer ce que c’est et comment se déroule un visa ?
Régine Roué : Le Visa Internet est une certification de la région Bretagne qui permet à tout citoyen de plus de 17 ans de se former et lui permettre d’acquérir les connaissances de bases sur l’utilisation d’Internet et de l’ordinateur.
A Kerourien, les séances se déroulent en présentiel à raison de 2 heures par semaine et ce durant 6 semaines. Les séances sont découpées par thématique et acquisition à savoir : acquérir les notions de base de l’ordinateur, la souris , le clavier et la gestion des documents, puis on passe à Internet (généralités et principes). En troisième module, on voit le courrier électronique (création, utilisation et gestion de sa boîte ), lors du 4ème cours on aborde la question des réseaux sociaux, la téléphonie par internet et on découvre la plateforme Syfadis. Le 5ème module est l’occasion d’aborder la sécurité (installer un antivirus, le pare-feu, tester une clé avant de l’ouvrir...) et la 6ème rencontre est l’occasion de faire le bilan de la formation et le test visa (QCM et envoi de message avec pièce jointe).
Le groupe de 5 personnes est établi en fonction des objectifs de chacun.
IEM : Quelles sont les personnes présentes et qu’est ce que cela leur apporte selon vous ?
Régine Roué : Les personnes viennent essentiellement du quartier de Kerourien. Elles ont besoin d’être confortées voire réconfortées pour certaines, elles ont peur de l’ordinateur pour la plupart d’entre elles.
Deux types de demandes : apprendre l’ordinateur pour la recherche de travail (l’ordinateur étant présent partout dans leur parcours d’emploi) ou encore pour une demande plus personnelle (communiquer avec leurs petits enfants, chercher à rompre l’isolement, s’ouvrir sur le monde par l’usage d’Internet ...ou comprendre ce que font leurs enfants sur Internet)
IEM : Quel bilan tirez vous de cette formation aux compétences numériques : pour les personnes et pour l’espace ?
Régine Roué : Au niveau de l’EPM, cela ne change pas beaucoup la donne étant donné que ce type de formation était déjà effectué depuis des années. Par contre, en terme de demande, beaucoup plus de sollicitations pour des formations. Pour les personnes c’est parfois le premier diplôme et cela ça compte.
Je n’avais pas mesuré cela au départ lors de mes premiers tests et j’ai donc aménagé les test visas car lorsque je leur ai annoncé que la semaine prochaine, c’était le passage du visa, j’ai eu 3 absents ou retardataires. Ils m’ont avoué être stressés. J’ai donc décidé d’aménager et de faire passer des petits tests à partir de la 4ème session ce qui est moins stressant.
Et pour ce qui au bout de 5 séances ont encore des hésitations, je propose de continuer par eux-mêmes à s’entrainer à domicile, sur l’EPM le matin ou de reprendre avec un autre groupe et de passer le visa qu’après trois mois de pratique personnelle.
Au niveau des personnes, on voit un changement radical tant personnel que dans le groupe : beaucoup d’échanges entre les gens, des projets et des amitiés naissent. Il faut dire que les groupes sont formés après un temps de rencontre individuel et un petit questionnaire de niveau et de leurs attentes. Cela afin de faire des groupes plus homogènes et qui avancent ensemble. Mais si une personne a du mal, pas de soucis, j’adapte le cours mais aussi le groupe l’aide.
Du côté de l’EPM, cela m’apporte un travail administratif important (demandes de visa, création de compte, ...) mais il y a une petite contribution de la Région (100 € pour l’organisme de formation et 2€ par heure de formation et par usager)
IEM : Après cette première formation, savez-vous si les personnes envisagent de compléter leur formation ?
Régine Roué : Certaines personnes m’ont demandé si je mettais en place des séances de perfectionnement sur un thème ou un autre. Mais dans l’ensemble, ces personnes ne veulent surtout pas quitter l’EPM où elles se sentent à l’aise. Ces formations existent et sont envisageables à partir d’un nombre d’inscrits (4 en moyenne). Ce sont des usagers qui reviennent souvent poser une question quand je suis présente, m’envoient une demande de renseignements par mail... Le contact n’est pas rompu à l’issue de du Visa.