Contexte général
Le quartier de Kerourien a été construit en 1968 sur le haut de la Rive Droite, entre le bourg Saint Pierre et le boulevard Plymouth. Il est né des grands projets d’urbanisme de cette époque qui avait pour but de reloger le mieux et le plus rapidement possible les populations des baraques du Polygone.
Le quartier se compose de 596 logements répartis en 5 tours de 12 étages, 10 barres à R+4 et 1 barre à R+7. Kerourien est aujourd’hui un des trois quartiers brestois classé en zones urbaines sensibles (ZUS) ou territoires infra-urbains définis par les pouvoirs publics pour être la cible prioritaire des actions de la politique de la ville, en fonction des considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires.
Le dispositif du Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUSCS) et la Gestion Urbaine de Proximité encadrent des actions à destination des habitants de Kerourien dont 25.7% [1] souffrent du chômage, ce chiffre se situant bien en dessus de la moyenne sur Brest qui est de 15.9% et 37.22% [2]vivent en dessous du seuil de bas revenus alors que la moyenne de l’agglomération se situe à 22.5%.
Dans ce quartier, est conduit depuis plusieurs années, le programme « Internet de quartier » qui englobe différentes actions et projets comme par exemple :
- L’accompagnement scolaire
- Services publics en ligne
- Favoriser l’expression des adolescents via les outils multimédia
- Accompagnement pour la diffusion des logiciels libres
- Accompagner l’appropriation sociale des appareils informatiques et numériques dans les familles
- Encourager l’utilisation du multimédia par les femmes
Et plus récemment :
- Animation au collège de Keranroux
Tous les jeudis, de 10h à 12h, des ateliers d’apprentissage de logiciels autour du traitement de texte, de la retouche et du montage photographique, du diaporama et de la découverte d’internet sont organisés autour de la notion d’anciens en lien avec le projet européen DICH.
- Club informatique
Le club informatique que l’on avait du mal à structurer prend son envol. Actuellement une vingtaine de personnes participe aux ateliers proposés deux mardis soirs par mois ( 1er et 3ème).
- Net@l’emploi
L’action s’adresse à des personnes à la recherche d’un emploi ne maîtrisant pas l’outil informatique et souhaitant s’initier aux nouvelles technologies. Constitution d’un groupe de 7 personnes .
Effectivement certaines personnes accompagnées par ICEO [3] ont évoqué leur absence de connaissance de l’outil informatique et leurs difficultés à consulter les offres d’emploi par internet. De plus parmi les usagers qui utilisent l’espace multimédia. Un certain nombre de personnes l’utilise pour leur recherche d’emploi et ont exprimé le besoin d’être soutenu dans certains aspects de leur démarche.
Les objectifs de l’action sont donc de faire découvrir l’outil informatique avec comme support la recherche d’emploi, de promouvoir l’autonomie des personnes dans la maîtrise des techniques de recherche d’emploi.
Pour plus de détails sur « Internet de Quartier » voir le Wiki : http://www.projet-multimedia-kerour...
Le projet « Internet pour tous à Kerourien »
Actuellement un autre projet est en train de se mettre en place dans le cadre du programme « Internet de quartier » : « Internet pour tous à Kerourien ».
Le projet « Internet pour tous à Kerourien » est coordonné par le Service « Internet et Expression multimédia » de la Ville de Brest et BMO [4] . Il s’inscrit en continuité d’une politique locale volontariste en faveur du développement d’Internet et du Multimédia pour tous.
Comme nous l’avons vu, le quartier de Kérourien a une histoire riche avec Internet, de nombreuses actions y ont été menées notamment à travers l’Espace Multimédia, animé par Régine Roué. Cet espace a permis à une proportion d’habitants du quartier et d’ailleurs, de s’initier aux technologies d’information et d’en avoir des usages variés autour de l’écrit, de la photo, du son, de la vidéo. En conséquence, le quartier de Kérourien est apparu, à la ville de Brest, naturellement prioritaire pour expérimenter une mise en œuvre accompagnée de l’accès pour tous à Internet.
Le projet a pour objet de mettre en œuvre et d’accompagner une solution mutualisée en habitat social à faible cout à Internet via l’offre SUN de l’opérateur Numericable (accès triplay : Internet 2 Mégas ; 18 chaînes TNT + 30 étrangères + Téléphonie illimitée pour appels entrants et limitée aux appels d’urgence pour appels sortants).
Mené à titre expérimental pendant 9 mois, (de septembre 2009 à mai 2010) avec une prise en charge intégrale du coût par la collectivité durant cette période, le projet se poursuivra au prix de 1 € à la charge de l’habitant à la suite de cette période expérimentale. Un vote des habitants satura de la poursuite (dans les conditions décrites ci-dessus) ou non du projet.
L’animatrice et l’espace multimédia seront mobilisés et une personne va être recrutée pour accompagner les habitants dans la connexion à Internet, l’usage de l’ordinateur et d’Internet au démarrage du service.
Parallèlement au projet, des solutions de rénovation d’ordinateurs afin d’équiper les foyers qui ne le sont pas, sont à l’étude (chantier d’insertion...).
L’enquête menée par le GIS M@rsouin
Le laboratoire M@rsouin travaille sur les problématiques liées à la diffusion et à l’appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication selon une approche pluridisciplinaire autour de caractéristiques fortes comme l’immersion sur les terrains de recherche, en référence à l’ethnographie, sur le processus de description/dévoilement, en référence à l’anthropologie et la modélisation et l’accompagnement des actions de terrain, en référence à la recherche-action.
L’équipe scientifique du GIS M@rsouin mène, depuis plusieurs années, des travaux de recherche-action-recherche, en partenariat avec les acteurs locaux bretons (collectivités territoriales, responsables et animateurs de dispositifs de quartiers) mais aussi avec des acteurs nationaux et internationaux des analyses et des expertises sur les problématiques liées à la diffusion et à l’appropriation des TIC auprès de différents types de populations : pour en comprendre les mécanismes et les enjeux.
Dans le cadre du travail de suivi et d’évaluation du projet « Internet pour tous à Kerourien » dont il est chargé, le laboratoire Marsouin a mené une enquête auprès des 600 logements du quartier avant la mise en place effective du projet (soit environ 1500 habitants) visant à identifier les conditions, les freins et les représentations des usages et non-usages des TIC (évaluation contingente notamment) sur le quartier de Kerourien ainsi que l’observation des conditions de vie des habitants, de leurs activités quotidiennes et de leurs difficultés.
Un important travail de préparation de l’enquête à été effectué avant que le questionnaire ait été soumis à la population. Les questions posées avaient pour fonction de collecter les informations qui, une fois analysées, permettront de répondre aux interrogations du concepteur de l’étude. Ainsi, il a été dressé une liste des informations à recueillir et décidé le format des questions (Il a été choisi d’adopter un compromis entre questions fermées et questions ouvertes.).
Le questionnaire a finalement été élaboré en quatre grandes parties :
- 1.Équipement du foyer
- 2.Usages/Non usages (cette partie distinguant trois sous-parties : les utilisateurs à domicile, les utilisateurs hors-domicile et les non-utilisateurs)
- 3.Le quartier et le projet
- 4.Données socio-économiques de la personne enquêtée
Il a été testé par le laboratoire M@arsouin avant d’être soumis à la population. Quant au mode d’administration du questionnaire un méthode originale a été testé. Nous avons travaillé par binôme : un habitant en parcours de réinsertion- un jeune chercheur du laboratoire M@rsouin.
Le laboratoire a effectivement trouvé opportun l’implication de quatre habitants en parcours de réinsertion (suivis et recommandés par ICEO) à l’enquête menée dans le cadre du projet « Internet pour tous à Kerourien ». L’originalité de ce mode d’administration tient à la fois au fait :
- qu’elle implique directement les habitants du quartier sur un projet de dynamique locale ;
- qu’elle fait participer ce public à une démarche scientifique de recherche sociologique et participe ainsi de leur motivation et de la consolidation de leur parcours de retour à l’emploi et à la confiance en eux.
L’enquête s’est donc déroulée sur 5 jours :
- mardi 23 juin (journée : 10-13h/15-19h)
- mercredi 24 juin (matin : 10-13h)
- jeudi 25 juin (journée : 10-13h/15-19h)
- lundi 29 juin (après-midi : 15-19h)
- mardi 30 juin (après-midi : 15-19h)
Les chiffres ci-dessous synthétisent le nombre de questionnaires effectués ainsi que le nombre de refus et d’absences.
- 136 enquêtes effectuées soit 22,81% (dont 127 exploitables (21,30%) et 9 arrêtées ou inexploitables (1,51%))
- 165 refus soit 27,68%
- 295 absences soit 49,49%
- 596 au TOTAL
L’analyse des résultats est en cours, ils seront communiqués au mois de septembre lors d’une réunion publique.