Le paradigme de l’accès

Un article repris du blog Homo Numericus, sous la licence Creative Commons by-sa.

Depuis la Budapest Open Access Initiative (BOAI), le mouvement en faveur du libre accès à la littérature scientifique en ligne se structure et progresse fortement.

Initiée en 2003, la Déclaration de Berlin pour le libre accès a été signée par 300 établissements dans le monde, mais par moins de 20 organismes français. La diffusion la plus large possible des résultats de la science est pourtant dans les missions et dans l’esprit des universités, depuis leur fondation. Il s’agit là d’un enjeu de société, touchant à la fois à des questions de culture et de citoyenneté, mais également à des questions strictement heuristiques et, enfin, à des questions d’impact.

Internet constitue une révolution de l’accès. L’ancien paradigme de la rareté, lié à la contrainte analogique, est aujourd’hui remplacé par un paradigme de l’accès. La révolution de l’accès, constitutive d’Internet, ne sera parachevée que lorsque les barrières à l’accès aux textes auront pu être levées les unes après les autres, pour tous, riches et pauvres, du Nord et du Sud.

Cela ne peut se faire dans la précipitation, sans méthode et sans inventer un nouveau modèle. Ce modèle s’appuie sur les deux voies, la voie dorée (édition électronique ouverte) et la voie verte (archives ouvertes). Dans tous les cas, il ne s’agira pas de gratuité, mais de libre accès. La nuance est d’importance, car la gratuité n’existe pas : il est nécessaire d’inventer des modèles amont de financement de l’édition scientifique, au lieu de maintenir de coûteuses et stériles barrières aval.

La science y gagnera en créativité. Le savoir en puissance. La culture en diversité. La démocratie en éclairages. Alors que le NIH, le MIT et l’université de Stanford ont mis en place des obligations ( »mandats ») de libre accès pour l’ensemble des recherches qu’ils financent, il est plus que temps de se prononcer en faveur du libre accès à la littérature scientifique, et de chercher à la mettre en oeuvre progressivement, partout et chaque fois que cela sera possible.

Extrait d’une note de synthèse sur le libre accès, accompagnant une intervention au Conseil scientifique de l’Université de Provence en novembre 2009.

Posté le 30 novembre 2009 par Gaëlle Fily

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